Désigné le 20 juillet 2015 comme successeur d’Hervé Renard à la tête de l’encadrement technique de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, Michel Dussuyer a passé la barre de l’an aux commandes des Eléphants. En 9 sorties, toutes compétitions confondues, “MiDu“ (Michel Dussuyer) enregistre 5 victoires et 4 matches nuls pour 12 buts inscris contre 4 encaissés. Un bilan plutôt correct pour celui qui a réussi sa première mission de son contrat de 2 ans, renouvelable : Qualifier la Côte d’Ivoire pour la CAN 2017, au Gabon. Mais a-t-il pu imprimer sa marque souhaitée à la progression de la Côte d’Ivoire ?

Pour répondre à l’interrogation susmentionnée, il a fallu d’abord sortir la première intervention du technicien français au sujet du projet de jeu qu’il a voulu insuffler aux Eléphants devenus siens. « Partout où je suis passé j’ai fait en sorte que mon équipe produise. A moi d’apporter ma touche en termes d’option. J’ai toujours souhaité avoir une équipe qui produise du jeu même quand mes adversaires étaient plus huppés. On va essayer de donner une maitrise collective assortie à une animation défensive. J’espère voir mon équipe privilégier le jeu court tout en alternant avec le jeu long en cas de nécessité extrême. Nous allons y travailler », déclarait-il le 27 juillet 2015. Plus d’un an après, et à 3 mois de la CAN 2017, a-t-il atteint son objectif technique ?

“Il n’y a aucun fond de jeu“

Pour plus d’un observateur, Dussuyer n’a rien essuyé de l’attitude antérieure de l’Equipe de Côte d’Ivoire. Et ce n’est pas le ballet offensif du 8 octobre dernier à Bouaké qui a effacé cette impression. Pour Litié Boagnon, journaliste sportif au quotidien L’Inter, « il n’y a aucun fond de jeu. Les joueurs se débrouillent comme ils peuvent. Quel est le schéma qu'il met en place pour chaque match? Aucun », répond le confrère. Face au Mali, « les buts ne furent pas le résultat d'une construction de jeu. Ce sont des buts d'instinct, de l'inspiration d'un Kodjia ou du hasard qui récompense un Aurier ». Au-delà du bastion offensif, la défense et le milieu où « il y a du travail » ploient également sous les critiques. « Qui joue à quel poste dans ce secteur? On a l'impression que les défenseurs se marchent dessus de sorte qu'un joueur comme Wilfried Kanon est passé à côté de son sujet. Dans le secteur médian, je me demande comment il arrive à conserver sa confiance à Seri Michael, toujours transparent comme un ange ».

“ Son 4-3-3 est loin d'être redoutable“

Le secteur médian de Dussuyer, ou plutôt, l’aspect créatif de ce compartiment constitue la véritable plaie de son système visible que par la disposition des joueurs. Pour Martial Galé de l’Association des Footballeurs Ivoiriens «  Dussuyer continue de chercher son monde et sa griffe est à peine perceptible. Il n'a pas encore imprimé sa marque à l'équipe. Son 4-3-3 est loin d'être redoutable. Il lui manque, en sus, un vrai maestro capable de distiller les derniers ballons. La symphonie d'ensemble laisse aussi à désirer. Avec parfois des lignes qui se distendent », déclare le membre de la cellule communication de l’AFI. La patte Dussuyer, il ne faudra pas s’y attendre tant qu’il n’y aura que quelques jours de préparation. Quant à l’homogénéité du groupe, il demeurera fonction de la forme des joueurs, selon Fernand Dedeh. Pour le journaliste-blogueur « Michel Dussuyer cherche encore ses marques et son équipe. Son vrai problème, c'est le problème de tous les entraîneurs qui basent leurs sélections sur les expatriés. Ils n'ont que trois jours pour mettre un schéma en place avant les matches. Ça ne risque pas de changer maintenant. Face au Mali et avant, face à la Sierra Leone, c'est davantage les individualités et un brin d'efficacité qui ont fait la différence. Pas Michel Dussuyer. Pas le schéma de Michel Dussuyer. Pas le Style Michel Dussuyer. Il faut prier pour que nos joueurs soient réguliers dans leurs clubs respectifs ».

“Au résultat, il a pour l'instant gagné son pari“

Contrairement à ses prédécesseurs, Annoncia Séhoué préfère mettre la grande torche sur les efforts du Dussuyer qui continue à préserver la philosophie du résultat chez les Eléphants. « Depuis la CAN 2015, on voit que les Eléphants vont à l'essentiel. Ils souffrent mais parviennent à tenir tête à leurs adversaires. Dussuyer essaie de suivre la ligne tracée par Hervé Renard. Aussi, il a le mérite d'avoir lancé de nombreux jeunes à l'instar de Renard. Après les départs de plusieurs cadres de la génération dorée, Dussuyer maintient l'équipe en vie », a reconnu le chef du service sport du quotidien Le Sursaut. Au-delà de la simple philosophie, la feuille de route assignée à Michel Dussuyer garde ses grandes cases bien cochées. « Au résultat, il a pour l'instant gagné son pari. Une qualification pour la CAN et une entrée réussie dans les éliminatoires du Mondial 2018 », a reconnu Martial. Par contre, et pour préserver ses résultats, Annoncia Séhoué indique qu’il faudra « de la discipline, parce qu'il y a des joueurs surtout champions d'Afrique qui se croient au sommet de leur art », a indiqué le journaliste ivoirien avant de reconnaitre ne pas encore avoir constaté « de patte Dussuyer, mais des jeunes qui essaient  de défendre avec courage le drapeau ivoirien ». Comme pour dire que le jeu espéré par le sélectionneur national à son arrivée est toujours en attente de se dessiner.

Patrick GUITEY