Arrivé en octobre 2022 à l'Africa en tant qu'adjoint de Mohamed Hage, Pierre Mariotti, qui a reconduit le club en Ligue 1 au terme d'une folle saison 2023-2024 de Ligue 2 n'a pas vu son contrat renouveler. Joint au téléphone, le technicien corse revient sur les circonstances de son départ avant de souligner les conditions de travail au sein du nid vert et rouge durant la saison de la remontée.

Pierre Mariotti, confirmez-vous l’information de la non-reconduction de votre contrat à l’Africa Sports d’Abidjan ?

Effectivement ! Oui, j'ai appris que mon contrat ne serait pas renouvelé. Il est arrivé à terme le 30 juin (2024). Et j'attendais, puisque le Président (Kuyo Téa Narcisse) m'a annoncé que je pouvais rentrer en France, et qu’il me recontacterait pour voir la date de mon retour. J'attendais son appel qui est arrivé hier (Ndlr : le mardi 23 juillet 2024) pour m'annoncer qu'il ne pourrait pas renouveler mon contrat pour la saison prochaine, en évoquant des raisons financières. C'est dommageable puisqu'on n'avait pas parlé d'argent à aucun moment.

Dans un environnement au sein duquel certains techniciens exercent sans contrat, aviez-vous le vôtre écrit avec l’Africa Sports d’Abidjan ?

Bien sûr que j'avais un contrat écrit à l'Africa Sports qui se terminait le 30 juin 2024.  Normalement, il devait être renouvelé à partir de la saison 2024-2025 étant donné qu'on a accédé à la Ligue 1. Il n’y avait pas de raisons sportives pour m'écarter de l'équipe ! Je vous confirme également que c'est par téléphone que j’ai reçu l’information. Le Président (Kuyo Téa Narcisse) m'a appelé et me l'a dit téléphoniquement. C'était quand même une surprise.

Quels sont vos sentiments maintenant que vous savez que vous ne serez pas à la tête de l’équipe que vous avez conduit en Ligue 1 ?

Un sentiment m’anime, c'est le regret. Je ne suis pas en train de sauter de joie après avoir appris que je ne serai pas avec mon équipe sur le départ en première division. Que je ne suis pas en train de préparer cette saison. J'ai demandé que les conditions s'améliorent. Parce qu'on ne pouvait pas continuer à travailler comme c’était le cas cette année pour la 2e division. C'était très, très, limite, donc très compliqué. Effectivement, j'avais demandé une amélioration des conditions de travail, des conditions d'entrainements. J’ai demandé qu'on ait un terrain correct avec tout ce qu'il faut pour un club de première division, et que les joueurs puissent avoir au moins aussi un car de ramassage, de couper avec les difficultés pour qu'on soit un peu plus dans le confort et dans la préparation de nos matches. Il faut quand même qu'on puisse changer les choses. Maintenant, je ne sais pas si cela sera fait sans moi. Une chose est par contre sûre. Car si on repartait dans les mêmes conditions que celles que nous avions cette année, je pense que je me serai posé des questions moi-même au sujet d’une prolongation. Parce que ce serait vraiment aller dans le mur.

Quel jugement faites-vous de votre parcours au sein de l’encadrement technique de l’Africa Sports d’Abidjan ?

Je suis arrivé il y a 2 ans en tant qu'adjoint avec mon collègue Mohamed Hage. Nous étions 8e quand nous sommes arrivés, puis nous avons fini 2e à un point du leader. Je pense que la première année, nous avons fait un gros boulot. On a échoué d'un souffle. La deuxième saison qui était cette année, j'étais coach principal donc on finit 1er de la poule et champion de la Ligue 2 avec le meilleur buteur, le meilleur joueur, cela veut dire on a réussi à faire travailler des joueurs. Nous avons été la meilleure défense des deux poules confondues. On avait aussi la meilleure attaque. Soit dit en passant, ce n'est pas le fait que le match ISCA-Yakro FC ait été rejoué qui nous a fait monter. Puisqu'il était à rejouer logiquement. Si on n’était pas éligible, on n'allait pas monter. Il y a des personnes qui ternissent notre parcours mais on en a fait un très beau avec un gros travail. On a réussi mon staff et moi à insuffler une âme à ce groupe. Avec aussi la présence et l'importance du directeur sportif qui est Roger Boli. Donc je pense que nous avons fait une très bonne saison dans des conditions difficiles d'entrainements, pour des joueurs qui n'étaient pas dans de bonnes dispositions. Il n’y avait pas de car de ramassage, il n’y avait rien. Donc ils ont su se fédérer et faire abstraction des difficultés pour réussir le challenge, le pacte qu'on s'était mis avec le staff, les joueurs et le directeur sportif pour réussir notre mission, notre objectif de faire remonter l'Africa et de rentrer dans l'histoire du club en redonnant toute la joie à tous les Membres Associés, tous les supporters qui ont été avec nous tout le long de la saison. On ne les remerciera jamais assez.

Avez-vous des nouvelles de Roger Boli ? Savez-vous s’il sera reconduit ou pas avec l’Africa Sports d’Abidjan ?

Oui, j'ai souvent Roger (Boli) au téléphone. Il est en France. Il se repose lui aussi. Je pense qu'il va renter au mois d'août, donc on verra. Quand il va rentrer, il va certainement rencontrer le Président (Kuyo Téa Narcisse) et verra après ce qu'il en est. Je ne sais pas ce qu'il pense faire exactement. C'est lui qui prendra sa décision. S'il va continuer d'être à l’Africa ou pas. Là, il est en vacances, mais c'est dommage aussi que le Directeur Sportif ne puisse pas être présent durant l'intersaison pour travailler sur l'effectif qui va attaquer la Ligue 1 la saison prochaine.

Réalisée par Patrick GUITEY