Jacques Anouma, avez-vous été surpris de la démission de Sepp Blatter quelques jours après sa réélection à la tête de la Fifa pour un 5è mandat ? Avez-vous des raisons de ce départ ?

Comme touts les sportifs du monde entier, ça été une démission surprise. Personne ne l'a vu venir. Quant aux raisons de cette démission, je crois qu'il est le seul à pouvoir le dire. J'ai découvert comme tout le monde à la télévision qu'il avait l'intention de démissionner dans les mois à venir.

Avez-vous le sentiment qu'il y avait une transparence dans la gestion des fonds de la Fifa ?

Je pense qu'il y a tellement d'amalgame et chacun prend au sein de cette affaire ce qui l'arrange. Aujourd'hui il y a certain matraquage médiatique sur la plupart des membres du comité exécutif de la Fifa et nous les africains aussi malheureusement. Mais ce ne sont pas des choses qu'on voit venir. Ce qui s'est passé  c’est que les premiers éléments d'enquête que nous avons reçue concernent la Comnbol et à la Concacaf. Et là on ne parle pas encore de la Fifa.

Mais ce n'est pas la première fois qu'on parle de corruption au sein de la Fifa, vous qui vivez à l'intérieur n'avez vous le sentiment d'une certaine opacité dans la gestion financière de la Fifa ?

La première transparence qui a été faite c'est d'avoir engagé Michael Garcia pour mener des enquêtes…

Mais il n’a pas pu faire paraître son rapport…

Vous êtes journaliste et donc vous avez votre approche. Michael Garcia a produit un rapport qui a été présenté à la Fifa. Dans ce rapport, la Fifa a sorti des éléments que Michael Garcia a mis en doute. Mais ce que nous savons nous, c'est que ce rapport a été remis à M. Escala qui mène tout aujourd'hui à la Fifa. Et dans ce rapport il nous a signifié que rien ne remettait en cause la désignation du Qatar et de la Russie. Voilà la conclusion de ce rapport.

“L’Europe seule ne peut pas faire élire Platini“

Mais vous, avez été mis en cause et cité dans une affaire de corruption dans le processus d’attribution de la Coupe du Monde au Qatar. Que plaidez-vous ?

Vous avez quelqu'un qui un matin sur un plateau de télévision, décide de dire que trois africains dont moi même aurions touché un montant d'1,5 millions de dollars pour donner notre voix au Qatar, sans apporter le moindre début de preuve. Je ne parlerai pas du président Issa Hayatou, ni de l'égyptien qui sont aussi cités. Je parlerai de moi. Cette femme, ce n'est pas la première fois qu'elle nous accuse d'avoir été corrompus…

N’avez-vous pas été approché pour donner votre voix au Qatar. N’y a –t-il pas eu une tentative de corruption de votre personne ?

Je redis que ce n'est pas sa première fois. Elle avait déjà lancé ces accusations qui ont été reprises par le parlement anglais. Après elle s'est dédit en nous demandant de ne pas la poursuivre en justice, ce que nous n'avons pas fait. Quelques mois après, elle fait une déclaration pour dire qu'il y a des dirigeants africains qui ont été reçus dans une chambre d'hôtel en Angola sans citer de noms.  Et curieusement sur un plateau de télévision allemand, elle cite des noms dont moi-même. Dans ce cas, ceux qui diffusent ce genre d'informations devraient s'assurer que ce que cette dame dit est la vérité avant toute chose…

Avez-vous été approché ?

Je ne connais pas cette dame, je ne l'ai jamais vu. En plus elle parle d'une période en Angola pendant la CAN 2010, à la veille de l'assemblée générale. Malheureusement pour elle, j'étais en Côte d'Ivoire. Trois jours avant l'assemblée générale de la Caf, j'étais en Côte d'Ivoire. Donc je ne sais pas à quel moment elle a pu me voir dans une chambre d'hôtel en Angola. Je n'ai pas réagi jusque là parce que l'affaire est en justice.  Je n'ai jamais rencontré cette dame. Je n'ai pas participé à cette assemblée générale parce que j'étais avec mon équipe, nous sommes rentrés à Abidjan où j'avais à répondre de l'élimination des Eléphants par l'Algérie en quart de finale.

La suspicion des dirigeants africains survient parce que l’Afrique dans cette affaire de corruption à la Fifa se défend comme une victime…

On ne se défend pas comme des victimes. Voilà trois semaines qu’il y a matraquage sur une affaire de corruption concernant le Qatar dont j’aurais été soumis selon une dame que je n’ai jamais vu. Aujourd’hui la justice suisse s’est emparée du dossier. Laissons la justice suisse aller au bout de son enquête pour savoir qui est coupable et qui ne l’est pas. J’ai reçu plusieurs appels parce qu’on aurait dit que j’aurais été entendu et arrêté par la justice suisse ainsi qu’Issa Hayatou. Tout ceci est faux.

Concernant la Fifa, qui selon vous pourrait succéder à Sepp Blatter ? Seriez-vous partant avec l’idée de l’arrivée de Michel Platini ?

On ne peut pas parler de candidat aujourd’hui puisque le congrès n’a pas lancé encore les candidatures. Il y a tellement de choses. Mais il faut savoir que la Fifa n’est pas une Pme. Pour la diriger il y a des critères. C’est vrai que tout le monde parle aujourd’hui de Platini qui est un ami que j’apprécie beaucoup. Mais il faut savoir que l’Europe seule ne peut pas faire élire Platini. Il a besoin des africains, des américains, des asiatiques, il a besoin de tout le monde. Et cela dépend aussi au programme qu’il va proposer.  

Patrick GUITEY

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