Fort de sa richesse multiculturelle, et de sa proximité historique avec l'Afrique, la France dispose sans doute du réservoir de joueurs binationaux le plus important d'Europe. Il y a ceux qui hésitent, ceux qui préfèrent leur terre de naissance, ceux qui choisissent le pays de leurs parents ou grands-parents comme Younès Belhanda avec le Maroc en 2010. Après Benjamin Mendy, Thomas Touré, Wissam Ben Yedder, N’Golo Kanté et Sofiane Boufal, nous avons ciblé cinq autres joueurs susceptibles d’avoir à choisir très rapidement leur future sélection.

1. Yassine Benzia (20 ans, Lyon) : France ou Algérie

Après l’échec du cas Nabil Fekir, l’Algérie pourrait s’intéresser de nouveau à un Lyonnais : Yassine Benzia. Ce qui avait été déjà le cas avant le Mondial : «On l’a supervisé, mais ce n’était pas une priorité. On avait déjà un groupe, et à son poste ce qu’il fallait», nous explique Nourredine Kourichi, adjoint de la sélection sous l’ère Vahid Halilhodzic. Révélé lors de la Coupe du monde des moins de 17 ans en 2011 au Mexique, Benzia avait crevé l’écran (5 buts en 5 matches), au point d’attirer le regard des grands clubs européens. Son apprentissage de la Ligue 1 s’est révélé plus compliqué que prévu, et notamment ses relations avec Rémi Garde. Double buteur avec les Bleuets la semaine dernière (Estonie et Pays-Bas), l’attaquant a surtout besoin de temps de jeu, à Lyon ou ailleurs. Son avenir international ? En 2013, interrogé par nos confrères de Canal Plus, le Lyonnais avait été très clair : «Je suis très reconnaissant envers l’équipe de France. Je suis très honoré de porter ce maillot. J’espère être un jour avec celui des A.» Ça, c’est dans la forme. Dans le fond, les choses ne sont peut-être pas aussi limpides, comme pour beaucoup de binationaux. Benzia n’a jamais caché à son environnement son attachement pour l’Algérie, comme lorsqu’il posait fièrement avec le maillot de Boudebouz avant le Mondial 2010. Mais pour l’heure, ce n’est pas d’actualité, et à 20 ans, il est fixé sur l’Euro de la catégorie, prévu en 2017.

2. Yaya Sanogo (22 ans, Crystal Palace) : France ou Côte d'Ivoire

Recruté par Arsenal en 2013, le natif de Massy (Essonne) a fait partie des sélections jeunes, notamment des moins de 16, 17, 19 et 20 et même de l’équipe de France Espoirs avec laquelle il a déjà disputé huit matches. Titulaire à la pointe des U20, il a remporté le Mondial de la catégorie avec Pogba et Kondgobia, aujourd’hui installés chez les Bleus. S’il dispose d’un énorme potentiel, sa progression a été freinée depuis par des blessures. Prêté à Crystal Palace, l’athlétique attaquant n’a disputé que cinq matches. Pour la Côte d’Ivoire il n’est clairement pas un objectif à court terme. Les Éléphants, champions d’Afrique, sont bien pourvus dans ce secteur : Wilfried Bony, Lacina Traoré, Gervinho, Seydou Doumbia, Giovanni Sio, Junior Tallo sont déjà là. Pour la France, pas d’urgence non plus, mais le profil du joueur mérite d’être suivi de près…comme celui d’un autre Franco-ivoirien, Didier Drogba il y a douze ans.

3. Giannelli Imbula (22 ans, Marseille) : France, Belgique ou RD Congo

Cas de figure plus complexe pour le joueur né de parents congolais. Le milieu relayeur de l’OM n’est pas binational mais trinational. Imbula peut, en effet, jouer avec la France, la RD Congo et la Belgique. Florent Ibenge, le sélectionneur des Léopards, a déjà tenté sa chance en août 2014 en convoquant le joueur dans une liste de 107… En vain. La Belgique ? En décembre dernier, le Marseillais ouvrait la porte aux Diables Rouges dans la Dernière Heure. Marc Wilmots, intéressé, l’a pourtant refermée tant qu’il est aux commandes : «Pour moi, l'affaire Imbula est close. De ce que j'ai lu, il a opté pour la France. Non, je n'ai pas parlé avec lui mais c'est ce que j'ai entendu». Giannelli Imbula rêve de l’appel de Didier Deschamps pour jouer avec l’équipe de France. Cela dépendra évidemment des performances sportives et peut-être même de son état d’esprit… Le Marseillais avait été écarté pendant un an par Willy Sagnol, alors sélectionneur des Espoirs, suite à un geste d'humeur à l'encontre d'un kiné face à l'Islande (4-3) en octobre 2013. Comme dans son jeu, il va falloir qu’il mette de l’ordre dans son comportement… Il a évidemment le potentiel pour honorer la sélection de son cœur.

4. Mouez Hassen (20 ans, Nice) : France ou Tunisie

À la différence de l’Algérie, la Tunisie rame pour récupérer certains binationaux. Sami Khedira (Allemagne) ou Karim Rekik (Pays-Bas) ont été appelés d’une manière très compréhensible. Wissam Ben Yedder (France), est lui dans l’attente. Pour Mouez Hassen, le portier niçois, les discussions semblaient en bonne voie avec le pays de ses parents. Mais une sélection avec les U20 français est venue freiner le processus, tout comme son nouveau statut de titulaire à l’OGC Nice. Avec la France, son parcours continue. Il a honoré une cape avec les Espoirs, et fait partie des plans pour le prochain Euro de la catégorie. La Tunisie de George Leekens pourrait revenir à la charge avec comme challenges à vendre une CAN 2017 et un Mondial 2018. Les Aigles de Carthage espèrent profiter du contexte concurrentiel à ce poste spécifique, d’autant que derrière Aymen Mathlouthi (30 ans), la relève tarde à confirmer. Mais à 20 ans, Mouez a le temps de voir venir.

5. Tiémoué Bakayoko (20 ans, Monaco) : France ou Côte d'Ivoire

Avec un tel patronyme, les Éléphants ne peuvent qu’être intéressés. Arrivé de Rennes pour 8 millions d’euros sur le Rocher, Bakayoko est considéré comme un joueur de grand avenir. Même si son temps de jeu est limité en club, il a été appelé par Pierre Mankowski en équipe de France Espoirs, et a obtenu sa première cape avec les Bleuets le 13 novembre 2014 à l'occasion d'un match amical face à l'Italie (1-1). Né en région parisienne, Bakayoko est attaché à sa double culture. Fan de Yaya Touré, ce joueur issu d’une fratrie de dix enfants a vibré pour les Eléphants lors des barrages pour la Coupe du monde : «J'étais devant ma télé, chez moi à Paris avec toute ma famille, pour assister à la double confrontation face au Sénégal. Ça me tenait à cœur. Je viens de ce pays, et, pour moi, il était important de voir les Éléphants jouer au Brésil.» Conscient du potentiel, Sabri Lamouchi avait souhaité embarquer le jeune milieu avec les Éléphants pour la Coupe du monde au Brésil. Une demande vite freinée par l'entourage de Bakayoko. Trop tôt ? Pas seulement, Tiémoué est un habitué du maillot bleu. Il est international chez les jeunes depuis les U16. Hervé Renard, le sélectionneur de la Côte d'Ivoire, nous a confirmé qu'il suivait le joueur, tout comme Yaya Sanogo et d'autres.

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