“Aurier gate“. Une nouvelle histoire dont la presse française ne se lasse pas. Surtout que le moment mal choisi par Aurier, l’est bien certainement pour les medias hexagonaux. A quelques encablures du choc avec Chelsea, quelle aubaine pour chauffer la marmite. Insouciant et maladroit, Serge Aurier, dans sa malencontreuse envolée lyrique, a prononcé les mots qu’il ne fallait pas. Le qualificatif qui fait tilt dans les méninges des medias français, surtout dans la tête de Laurent Blanc. Le mentor qui a dit avoir mis sa poitrine pour faire accepter à ses patrons Qataris, celui qui, à Toulouse, devenait le défenseur le plus décisif d’Europe selon Opta, et attirait la convoitise des plus grands du vieux continent.  Le dérapage d’Aurier se met loin de la caution du PSG qui a pris, à raison, des sanctions conservatoires contre l’égaré du groupe. Normal car incompréhensible de voir ce talent de 23 ans, se mettre à dos les siens. S’il se tire lui-même une balle dans le pied, la presse française se charge de la tâche du fossoyeur, pour l’ensevelir là où elle a abandonné sa pioche pour d’autres faits similaires.

Et si on se calmait ?

Personne en Côte d’Ivoire et en Afrique ne peut cautionner un tel écart de langage. Pour autant, l’Africain ne brûle pas ou ne renie pas son fils pour un dérapage. Ce qui n’est pas le cas pour la presse française et pour des penseurs tel que Guy Roux  dont l’Afrique n’oublie pas l’amour fou, après qu’il ait empêché quelques uns de répondre à leur sélection nationale. « Il devrait aller en prison! J'aurais massacré Aurier », dixit le paternaliste papy Roux. Une campagne dans laquelle s’inscrit les medias qui n’en finissent pas de clouer Aurier jusqu’à demander sa radiation de l’effectif. Et pourtant, les écarts de langage sont monnaie courante dans un milieu où les jeunes sont trop tôt exposés. Mais loin d’accepter ce moment de folie de Serge Aurier, l’on est enclin de réaliser un flash-back sur certaines sorties passées sous silence ou étouffés. Sur la brochette, l’on retrouverait bien les traces de Willy Sagnol et de Laurent Blanc proches du racisme caractérisé attaquable en justice.

Solidarité à Aurier, dans le malheur

« Sa réaction naïve était juste pour déconner un peu à la française. Galtier, les journalistes et experts français foutez la paix à Serge Aurier, c’est un incident qui mérite un avertissement écrit et peut être une amende financière pour manque de respect. Après occupons nous de Chelsea. On a vu pire », tente d’expliquer un Franco-ivoirien supporteur fanatique du PSG qui suit le football depuis deux décennies. Si personne en Côte d’Ivoire ne peut cautionner la disjoncte du défenseur des Eléphants, difficile pour la majorité d’accepter cette avalanche médiatique dictée par une envie de casser du Aurier. Car l’Africain ne verse pas l’eau du bain avec le bébé. « Il le reconditionne, le reconstruit, l’aide ».  Lâché par les autres, les siens, tels Wilfried Kanon, Serey Dié, Tiéné Siaka, Sylvain Gbohouo, Yaya Touré, Seydou Doumbia, Max Gradel font bloc autour du gamin égaré.  Il y a ce que le président Félix Houphouët-Boigny appelait, « la solidarité dans le malheur ». Pas la solidarité dans le mal. Aurier qui apprend de son erreur, devrait être repris au vol par le PSG en vue de le réinitialiser, plutôt que de le livrer à la vindicte populaire. A moins que tout soit déjà écrit, comme le souhaite plus d’un, ici et ailleurs.

Guy Evrard SOTY