Le 22 janvier 2024. Une nouvelle date drapée de noir pour le football ivoirien. La cause, la défaite 4-0 face à la Guinée Equatoriale lors de la 3è journée du premier tour dans le groupe A de la CAN 2023. Une humiliation que plus d'un digère à peine.

Au stade Alassane Ouattara d'Ebimpé, comme partout en Côte d'Ivoire, l'atmosphère était à la fête. Un optimisme qui prenait sa source dans l'espoir d'une révolte du "Commando de Gasset", et surtout, dans les récentes confrontations avec la Guinée Equatoriale. Car, jamais, le Nzalang n'avait existé face aux Eléphants en 2 confrontations (2012 et 2021) à ce niveau.

Sur la pelouse en délicatesse d'Ebimpé, les Eléphants remaniés semblaient à la hauteur des enjeux. Juste au plan de l'animation. Car outre les courses enflammées mais stériles de Diakité Oumar, la seule réelle opportunité vient de Nicolas Pépé (30è) stoppé par les mains baladeuses de Jésus Owono dans un jour de grâce.

La possession aride ivoirienne est prise à revers par la seule incursion équato-guinéenne de la première période. Le but d'Emilio Nsué (42è) ouvre les vannes d'une descente improbable aux enfers des Eléphants, impuissants jusque sur le banc. La tête entre les bras de Jean Louis Gasset. Une image annonciatrice de l'impuissance d'un coach visiblement dépassé par les événements. Quant au résultat (4-0), il a été vécu comme une réelle frustration pour de nombreux supporters qui ont répondu par la violence.

Des projectiles jetés sur la pelouse à l’endroit des joueurs, des manifestations de mécontentement à l’intérieur et à l’extérieur du stade avec des débordements et des casses de véhicules et de bus. La Côte d’Ivoire a vécu un lundi noir. Pour les plusieurs observateurs avertis, se fut un spectacle cauchemardesque.

A commencer par Jacques Bernard Anouma, ex-Président de la Fédération Ivoirienne de Football entre colère et déception. "Je viens de vivre mon pire cauchemar. Je pouvais tout imaginer sauf ce scénario, avoir 70% de possession et se faire battre 4-0 est inadmissible. On va en tirer les conclusions, ensuite, on verra. C’est rageant de prendre 4-0 à une CAN dans son propre Pays, je suis déçu. C'est un match à oublier très vite", a-t-il déclaré sans laisser la porte ouverte à un quelconque espoir de qualification. Même si cela reste de l'ordre du possible.

La peine des Ivoiriens fut doublement partagée par Baky Koné passé tout proche de faire quelques révélations concernant l'ambiance autour des Eléphants. "C'est dur, c'est très dur de perdre comme ça. Au-delà de cette défaite il y a tout un management derrière. (...) On a porté ce maillot, on aime notre pays. On peut perdre mais pas comme ça. Aucun mot ne pourra décrire ce que je ressens. Ça fait mal, ça fait très mal. Il y a trop de choses qui se sont passées avant cette CAN, autour de cette sélection. C'est toute ces choses qu'il faut changer", a déclaré remonté l'ex-attaquant de l'OGC Nice sur le plateau de NCI Sport Live.

Quant à Didier Zokora, manifestement remonté ne prend pas de gants pour l'exprimer. Et surtout pointer du doigt la responsabilité entière de Jean Louis Gasset. "Je pense que les joueurs sont à l'image du coach parce que le coach, il est très nul. Il n'a pas de CV, il n'a rien gagné en club et même partout. Et là il vient prendre une équipe. Un match qui est important, l'Etat a mis les moyens pour que l'équipe arrive le plus loin possible. Perdre comme ça, c'est humiliant. C'est un manque de respect pour la Côte d'Ivoire", a déclaré l'ex-milieu de terrain des Eléphants.

Pour Didier Drogba, l'ex-capitaine emblématique de la sélection de Côte d'Ivoire qui a suivi la partie depuis les tribunes du stade, il s'est montré dépité. "C'est incompréhensible en tant que pays organisateur de sortir de cette compétition de cette manière. Aujourd'hui, une nation comme la Côte d'Ivoire ne peut pas organiser une telle compétition et, bien sûr, elle peut sortir aussitôt qu'elle est sortie aujourd'hui, mais de cette manière, il y a un véritable problème. Il faudra se remettre au travail, non seulement se poser les bonnes questions, mais aussi prendre les bonnes décisions“, a-t-il conclu.

Patrick GUITEY