Le sélectionneur du Mali est amer. Ejecté de la CAN 2010 dès le premier tour, le technicien nigérian ne décolère pas. L’ancien sélectionneur du Togo se permet même un grand déballage qui va certainement faire du bruit.
Coach, quel regard avez-vous sur la débâcle de votre équipe à la CAN 2010 ?
Comme vous pouvez le constater, je suis totalement abattu et déçu. Que nous ne soyons pas qualifiés pour les quarts me rend triste et amer. C’est un énorme gâchis que de voir cette équipe avec tout son potentiel être éliminé dès la phase de groupe. A la limite, c’est inacceptable. Avec tous les joueurs de talent qu’il a, le Mali devait disputer au moins les demi-finales. Mais, une sélection peut être immense sur le papier et ne pas arriver à mettre à profit son potentiel sur le terrain où se trouve la réalité. C’est le football. 
Avez-vous une explication rationnelle à cet état de fait ?
Honnêtement, laissez-moi vous dire tout de suite que les joueurs ne sont pas à condamner. Ils ne sont pas la cause de ce qui s’est passé. Les raisons de la débâcle se trouvent ailleurs. Il faut notamment voir à côté de la Fédération. Elle est mal organisée et il y a trop de problèmes en son sein. C’est difficile à admettre, mais c’est la réalité des choses. 
C’est quoi le problème ?
Pour être compétitive au haut niveau, une sélection doit bénéficier d’un minimum d’organisation. Au Mali, je ne sens pas cette grande organisation. La Fédération ne joue pas son rôle. Elle est même décevante. Aujourd’hui, il ne suffit pas d’avoir de grands joueurs pour avoir de bons résultats. L’équipe doit bénéficier d’une organisation professionnelle. A la Fédération, il y a trop d’ingérence et d’influence. Il y a trop d’ingérence et  d’influence. Si je dois égrener tous les problèmes qui minent la Fédération malienne, on passera toute une journée ici. 
Ce que vous dites est vraiment grave. Vous saviez tous ces problèmes pourquoi vous n’avez pas essayer de les régler avant de venir en Angola ?
Ce n’est pas faute d’avoir essayer. Depuis que je suis là, je me bats pour essayer de régler les problèmes, de faire changer les choses positivement. J’ai entrepris à plusieurs reprises un travail pour corriger les mauvaises habitudes. Rien n’y fit. Les dirigeants sont têtus. Il  n’y a  pas  une  approche  professionnelle dans  la gestion de  l’équipe  nationale. C’était  un véritable bordel.  Aujourd’hui, voilà où tout cela nous emmène.
Vous êtes aussi partie prenante de cette débâcle coach…
Je ne fuis pas mes responsabilités. Tout le monde a une part de  responsabilité dans cette élimination. Les joueurs, les dirigeants et moi-même, avons tous une part de responsabilité. Je veux seulement faire comprendre que l’échec du Mali est la résultante des problèmes qui minent l’entourage des Aigles. Les gens ne regardent pas dans le même sens. Avant le Mali, je restais sur des aventures positives avec le Nigeria et le Togo. 
Votre élimination de la CAN sonne aussi la fin de votre bail avec le Mali. Est-ce que si les dirigeants de la Fédération vous proposaient un nouveau contrat, serez-vous prêt à le signer ?
Pour le moment, c’est une question à laquelle je ne peux répondre. Laissez-moi le temps de réfléchir, de faire le bilan et de digérer tout ce qu’on vient de vivre. L’avenir nous situera.
Comment jugez-vous le niveau de cette CAN ?
Pour moi, le niveau n’est pas trop fameux. Je pense honnêtement que l’édition précédente était d’un tout autre niveau. Mais, la compétition n’est pas finie. C’est maintenant que les choses sérieuses vont commencer.
Quelle est l’équipe qui vous a impressionné depuis le début de la compétition ?
C’est l’Egypte. Les Pharaons sont vraiment impressionnants. Ils tiennent leur rang. En tout cas, ils ont été convaincants au cours des trois matches qu’ils ont disputé. Après l’Egypte, je place la Côte d’Ivoire qui reste une belle équipe. 
Par Abdoul KAPO, à Cabinda