A l’annonce des 23 nominés pour le Fifa Ballon d’Or 2014, ils furent plusieurs sur le continent à jeter leurs projecteurs sur Yaya Touré. Normal pour le seul africain en lice, cette année. Et ce n’est pas un cadeau fait au capitaine des Eléphants. Lui qui a valeureusement succéder à la double-opposition Samuel Eto’o-Didier Drogba. Deux monstres du football continental, rentrés dans les rangs, après avoir longtemps scruté une marche d’un podium mondial qu’ils ont mérité à leurs heures de gloire sans l’avoir touchée. Et ce n’est pas faute de talent. Plutôt de soutien.

Yaya, loin du faire-valoir

Pour le Fifa Ballon d’Or 2014, l’espoir africain se résume en un seul patronyme : Yaya Touré. Une chance sur 23. Mince est la probabilité. Mais le talent est les statistiques qui accompagnent le longiligne milieu de terrain sont loin d’avoir la même discrétion. Car Yaya Touré, c’est 20 buts en Premier League (24 toutes compétitions confondues) et une influence indéniable sur le renouveau de Manchester City dans une Premier League longtemps pris en otage par Manchester United, Liverpool et maintenant Chelsea. La saison dernière, l’Ivoirien venu de Barcelone qu’il a aidé à tout gagner dont une Ligue des Champions, avant d’être “jeté“, a écrit encore une fois une page de laurier de City dans le livre d’histoire ouvert entre 2010 et 2011. Meilleur buteur du club et passeur à souhait lors de la saison 2013-2014, le milieu défensif fut l’homme  du titre 2014, après avoir été l’un des hommes en 2012 du renouveau des Bluesky. Au sein des 23 de la Fifa Ballon d’Or 2014, ils ne sont pas nombreux à avoir un tel tableau. L’Eléphant d’Afrique, loin d’être le chevue sur la soupe, y vaut ainsi son poids. Faudra-t-il pour les africains de le voir.

L’Afrique face à sa responsabilité

Car trop souvent, aveuglé ou émotif, le continent de Laurent Pokou, de Labi Ben Barek, de Santos Mutumbile, de Salif Kéita, de Petit Sory, d’Abedi Pelé, de Rabat Madjer, de Mustapha Hadji… a mis en veilleuse ses talents au profit de ceux des autres (l’éternel culte du made in ailleurs). Mais surtout, il  a négligé son statut de pôle incontournable dans le giron de la FIFA. Et pourtant, l’Afrique c’est 54 pays membres affiliés à la fédération internationale. Imaginons donc que 54 sélectionneurs, 54 capitaines et les 54 journalistes des différents collèges de votants, soutiennent le seul représentant africain. Le résultat serait immédiat pour un talent qui fait vibrer tant l’Afrique que l’Europe émerveillée à chacune des sorties des fruits du Berceau de l’Humanité en championnat, en Ligue Europa et surtout en Uefa Ligue des Champions. « 

Il est plus qu’important pour moi de représenter positivement l’Afrique, un continent plein de richesses, comme l’ont fait avant moi des légendes comme Abedi Pélé, George Weah ou Salif Keita. Ils nous ont montrés le bon exemple, à nous de le suivre », dixit le triple Caf Ballon d’Or, honneur d’un continent qui attend le retour de l’ascenseur. Et ce, pour que Yaya sonne enfin comme Weah, seul africain à avoir croqué l’or (en 1995) que lui a fait miroiter l’Europe.

Patrick GUITEY