Une visite de Didier Drogba en France, un moment pour replonger dans la nostalgie. Puisque l’attaquant ivoirien y a marqué son époque. Surtout à l’issue de l’exercice 2003-2004, la seule saison passée à l’Olympique de Marseille. Une histoire qui aurait pu être tout autre. Car Drogba a eu deux occasions de signer chez l’ennemi juré : Le Paris Saint Germain.

Après six clubs connus en amateur, Didier Drogba avait l’opportunité, en 1997 de franchir le pas du football professionnel sous les couleurs parisiennes. Et quasiment tout était fait pour recevoir le jeune attaquant de 19 ans, en provenance de Levallois.

« Avant d'aller au Mans, j'étais en contact avec le Paris Saint Germain. Je sortais de Levallois et j'avais 19 ans. Je suis au camp des loges, on prépare un contrat stagiaire, j'étais amateur. Je rentrais là, dans le monde professionnel et pour moi, c'est extraordinaire, c'est super, je vais avoir six paires de chaussures de foot, c'est super parce que je sais d'où je viens », explique Drogba sur le plateau de L’Equipe du Soir. Mais très vite, l’enchantement va faire place à la déception et à la crainte de ne pas bénéficier de patience et surtout de e pas avoir la chance de s’exprimer.

« Mais en fait, on me laisse seul dans cette pièce presqu'une trentaine de minutes, et c'était en pleine canicule, il faisait chaud, c'était des préfabriqués à l'époque. Je patiente 10, 20 et 30 minutes, et à un moment donné, je me dis ce n'est pas grave et je me barre. Ça s'est joué à mon interprétation de l'explication qui m'a été donné après. C'est à dire que si tu es souvent blessé, il y a peu de chance qu'on te garde ! Parce que derrière il y a des jeunes qui poussent, et je savais que je sortais d'un milieu amateur. Je m'entrainais qu'un fois par semaine, parfois même pas ! Me retrouver dans ces conditions là et très vite faire face à la réalité du football, ça m'a un peu fait peur. Je me suis dit que j'allais la jouer “safe“, je n'ai pas envie de me bruler, je pars », a-t-il avoué. Et une semaine plus tard, Drogba, à la suite de l’appel de Marc Westerloppe, se retrouve au Mans « avec un projet qui m'a parlé ».

L’attraction entre Drogba et le PSG ne s’arrête pas qu’à cette fois. Six ans après, une autre opportunité de signer pour Paris présente. Cette fois, en 2003, c’est Vahid Halilhodzic, alors coach du PSG qui n’est pas emballé par le profil de l’attaquant sorti pourtant d’une folle saison 2002-2003 avec Guingamp avec 23 buts en 49 matches. Mais à l’époque où Pedro Miguel Pauleta brille avec les franciliens, Vahid déclare que « Drogba (n’est) pas assez fort pour (le) Paris Saint Germain » selon les propos de l’attaquant ivoirien qui, 21 ans après, le prend avec le sourire. « Quand tu as Pedro Miguel Pauleta qui a confirmé saison après saison qu'il était l'homme de la Ligue 1, toi tu viens de Guingamp...le mec te dit : "j'ai ce qu'il faut !". En gros, ce n'est pas méchant. Mais ça m'a piqué et un an plus tard quand je suis à Chelsea et qu'on joue le Paris Saint Germain, je ne suis pas gêné pour lui rappeler ».

En effet, en 2004, lors de la première journée de la manche de groupe de l’Uefa Ligue des Champions, Drogba fraichement arrivé à Chelsea, a aidé les Blues à plier le PSG (0-3) au Parc des Princes grâce à un doublé dont un coup franc resté dans les mémoires. Et une célébration de l’attaquant ivoirien devenue culte au cours de laquelle il lançait un « allez l’OM » à l’endroit des supporteurs parisiens. Comme pour marquer le fait qu’entre le PSG et Drogba, ça n’a jamais matché.

Patrick GUITEY