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Football:Des mineurs propos?s aux clubs fran?ais.

Football

Football:Des mineurs propos?s aux clubs fran?ais.

23 January 2005 0
Football:Des mineurs propos?s aux clubs fran?ais.

A vendre, gamins africains, bons prix Le minist?re des

Sports a d?cid? d'ouvrir une enqu?te administrative. Quelles sont les conditions de recrutement,

d'h?bergement et d'encadrement dans les centres de formation du foot fran?ais? Jusqu'o? les clubs

sont-ils pr?ts ? aller pour d?nicher l'oiseau rare? Un an apr?s le d?mant?lement en Belgique d'un

r?seau de "n?griers" (Lib?ration du 23 octobre 1998), et plus r?cemment en Italie et aux Pays-Bas

(lire ci-contre), le football fran?ais est-il lui aussi au centre d'un trafic humain aliment? par

l'Afrique? Autant de questions pos?es par l'enqu?te administrative ouverte le 14 septembre par le

minist?re de la Jeunesse et des Sports. "Nous avons pris en compte un certain nombre

de t?moignages attestant de d?rives existant dans les centres de formation", explique Serge

M?sones, charg? de mission au minist?re. Des "d?nonciations" avoue M?sones, qui, en premier lieu,

"font ?tat de la pr?sence de clandestins dans les clubs fran?ais". A mots couverts,

l'ancien footballeur conc?de que "le minist?re entend prendre la pleine mesure du probl?me",

autrement dit savoir si ce trafic n'est le fait que de quelques interm?diaires isol?s ou si on a

affaire, au contraire, ? un syst?me institutionnalis?. Protection des mineurs. Une

certitude, que les clubs dans leur int?gralit? confessent: les sollicitations des pseudo-agents sont

quasi quotidiennes. Exemple, cette offre d'une soci?t? qui r?pond au nom de Sports Management

International, bas?e ? Lagos (Nigeria) et se flatte d'avoir d?j? plac? des joueurs en Belgique et

en Italie. Deux pays o? des enqu?tes ont abouti, prouvant l'existence d'un trafic de mineurs via

l'Afrique. "Il n'est pas question pour autant de nous substituer aux instances dirigeantes du

football, car c'est ? elles de faire la police", pr?cise M?sones. Le minist?re subventionne

les ?coles de foot fran?aises, les stagiaires suivant un cursus scolaire parall?lement ? leurs

activit?s sportives. D?s lors, de telles pratiques sous-entendraient que l'enveloppe budg?taire

allou?e aux clubs pourrait ?tre d?tourn?e de ses finalit?s. Le minist?re, qui, dans le cadre

de sa loi sur le sport, a fait une priorit? de la protection des sportifs mineurs, devrait se

montrer intransigeant. "Il ne s'agit pas de s'attaquer au syst?me de formation, mais bel et

bien de le pr?server, pr?cise M?sones. Des risques de d?rives sont bien entendu beaucoup plus

importants aujourd'hui", ajoute-t-il. "Nous sommes dans une logique d'entreprise,

confirme Alain Perrin, entra?neur de Troyes (Lib?ration du 2 septembre). La n?tre, qui est celle de

la plupart des clubs fran?ais, est simple et vitale: d?tecter pour vendre en faisant une

plus-value." La formation s'inscrit dans ce contexte du tout-business. "Et aujourd'hui,

d?tection, m?me de mineurs, rime avec transactions", explique Christian Lariepe, ancien

responsable du centre de formation de Saint-Etienne. "Les clubs enr?lent massivement des

gamins, quitte ? en laisser un certain nombre sur le carreau", s'insurge M?sones. "C'est clair

qu'aujourd'hui il s'agit de trouver les gamins le premier", confirme un recruteur. "Gosses

d?sarm?s". Une prospection tous azimuts se met en place. Un "march?" parall?le s'organise. Il

passe de plus en plus souvent par l'Afrique. "L?-bas, ? tous les coins de rue, vous avez des

gamins dou?s pour le foot. Des gosses totalement d?sarm?s, ? la merci de vendeurs de r?ves",

dit Robert Nouzaret, ancien s?lectionneur de la C?te-d'Ivoire, actuel entra?neur de Saint-Etienne.

Le moindre tournoi ou match international devient le lieu de rendez-vous des recruteurs.

L'un d'eux r?sume la philosophie en vigueur: "L'Afrique est avant tout synonyme de bonnes

affaires." La formule est claire. Limpide comme ce document adress? ? un agent fran?ais tout ? fait

officiel: "Recevez les compliments de l'International Football Link pour la bonne r?putation de

votre soci?t?. International Football Link est reconnu et nous sommes conseillers dans le management

de Nig?riens dans le monde entier." Les pr?sentations faites, l'association passe ?

l'offensive, sans d?tours: "Nous avons des footballeurs professionnels qui sont techniquement

habiles et hautement disciplin?s." De telles propositions sont monnaie courante, les clubs

reconnaissent ?tre r?guli?rement sollicit?s. "L'empirisme africain conjugu? ?

l'absence de l?gislation permet ? des maquignons d'agir en toute impunit?, explique Pape Diouf,

agent fran?ais d'origine s?n?galaise. C'est une sorte de n?ocolonialisme qui pr?vaut. Les jeunes

et les parents sont r?ceptifs. Les escrocs jouent sur du velours. Il suffit d'?tre blanc et de

savoir parler du foot pour ?tre cr?dible." "Ces pseudo-agents envoient des gamins

en Europe, un visa de touriste de trois mois en poche, en se souciant peu de ce qu'ils peuvent

devenir", ajoute Diouf. Arriv?s sur place, deux cas de figure. Diouf: "Soit les

vendeurs ont n?goci? une p?riode d'essai dans un club, soit ils exp?dient les gamins au petit

bonheur la chance." Clubs responsables. Fran?ois (1), un Ivoirien de 15 ans, a eu

affaire ? l'un d'eux: "Je jouais dans la rue quand un copain m'a pr?sent? monsieur X. Il m'a

dit qu'il emmenait des joueurs en France pour faire des essais. Je n'ai pas cherch? ? comprendre,

je veux devenir footballeur professionnel." Il atterrit dans un centre de formation fran?ais et

passe un essai concluant. Une exception qui ne fait pas la r?gle. Ainsi, l'aventure de ces

deux gamins br?siliens racont?e par Christian Larieppe, ancien patron du centre de formation

st?phanois. "Ils m'attendaient sur le parking. Ils m'ont tendu une lettre qui me recommandait

de les prendre ? l'essai. Ce qu'on a fait, apr?s les avoir plac?s dans une famille

d'accueil." Ensuite? "L'essai n'a pas ?t? bon. L'interm?diaire les a r?cup?r?s. Je

ne sais pas ce qu'ils sont devenus." Ces exemples sont nombreux. La France semble donc concern?e

par ces pratiques. "Si le march? existe, c'est que ces agents trouvent un ?cho en Europe, en

France comme ailleurs", analyse Paul Carlier, pr?sident de l'association Sport et Libert?,

organisme qui d?fend le droit des jeunes footballeurs victimes de transferts et d'exploitation

abusive. La responsabilit? des clubs existe, comme l'expose Diouf."Ils se voient

proposer un joueur de qualit?, mais bien souvent ils se soucient peu de savoir qui leur

propose." Robert Nouzaret brise l'omerta de rigueur: "Bien s?r que les clubs fran?ais ont

affaire ? ces interm?diaires v?reux." L'entra?neur st?phanois confesse: "Lorsque j'?tais

entra?neur-manager ? Montpellier, un de ces pseudo-agents, utilisant un pr?te-nom, nous a propos? un

joueur. Au premier coup d'?il on s'est rendu compte qu'il ?tait ph?nom?nal. On ne s'est pas pos?

de questions; on lui a fait signer aussit?t un contrat de stagiaire et avons d?bours? la somme

r?clam?e." Il conclut: "Je ne vois pas beaucoup de clubs qui auraient refus?." Une

franchise qui en appelle une autre: "Si demain on nous propose le nouveau Georges Weah, je ne sais

pas si je serais tr?s regardant sur le profil de celui qui nous le propose", reconna?t un autre

dirigeant. "La loi du march?". Un autre courrier renforce l'id?e que les trafiquants

trouvent effectivement un ?cho aupr?s des clubs fran?ais. L'homme qu'avait crois? Fran?ois ?

Abidjan, et qui se pr?sente comme d?tecteur, propose "deux de [ses] talents cl?s qui se trouvent

actuellement en France". Deux brefs CV des adolescents en main, il conclut: "Je vous

conseille vivement de les mettre ? l'essai..." L'un de ces deux gar?ons est Fran?ois. Qui dit tout

ignorer des tractations sur son talent: "Je ne suis pas au courant, je n'ai jamais revu ce

monsieur." Quant au club qui a accueilli l'Ivoirien, il reconna?t avoir eu affaire avec

l'interm?diaire, mais jure qu'en aucun cas il n'a ?t? question d'argent. Le patron du centre de

formation finit par reconna?tre "que ce type, qui se pr?sentait au d?part comme le pr?sident d'un

club de quartier, est un gars qui ne pense qu'? se faire du fric sur le dos des gamins".

Mais cela ne l'emp?che pas de justifier la collaboration: "Nous, on l'a pris parce

qu'on n'avait rien ? d?bourser et qu'il avait un visa. Et puis ce gamin on l'a gard?, il n'y a

donc plus de probl?me." Et de conclure: "C'est la loi du march?, beaucoup de clubs

agissent ainsi, il n'a y a plus aucune ?thique dans le foot."

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