ll y a encore à peine plus d'un mois, l'AS Monaco naviguait dans les eaux troubles du championnat de France de Ligue 1. Après deux victoires, un nul et huit défaites, les finalistes de la Ligue des champions 2004 pointaient à la dernière place du classement, en route vers la descente en Ligue 2.
Depuis, la situation s'est quelque peu améliorée sur le Rocher. Avec une seule défaite en six matches, les Monégasques sont remontés à la 13ème position et peuvent un peu mieux voir leur avenir.
Au-delà du limogeage d'un entraineur au discours sans grand effet sur son groupe, le Roumain Laszlo Boloni, et de la nomination d'un jeune (38 ans) technicien, toujours un brin joueur dans l'âme, Laurent Banide, c'est l'éclosion d'un certain nombre de ses talents qui a permis la remontée de l'ASM. Au premier rang de ceux-ci, le milieu de terrain international ivoirien Yaya Gnegneri Touré.
Arrivé le 15 août dans la Principauté après Allemagne 2006 et suite à un conflit avec son ancien club, l'Olympiakos du Pirée, le frère cadet du joueur d'Arsenal Kolo Touré, a mis du temps à trouver son rythme de croisière. Lesté de quelques kilos en trop et mis en cause par le premier entraineur monégasque, Yaya va vivre des premières semaines cauchemardesques; Jusqu'au limogeage de Boloni pense-t-on alors. Mais là, au lieu de se sentir libéré sur le terrain, il le fait en dehors et multiplie les déclarations fracassantes. Peu à peu, celui que beaucoup aiment comparer au Fran?ais Patrick Vieira sort psychologiquement de sa saison.
Jusqu'au 4 novembre et ce match face à Nice (0:0), dernier que l'ASM passera dans la zone de relégation et que Touré vivra lui depuis le banc des remplaçants. ''Ses déclarations lui avaient mis la pression, d'autant que derrière, il n'avait pas été bon, avoue Jean-Luc Ettori, le directeur sportif monégasque. Il fallait donc lui montrer qu'il devait se tenir à certaines exigences.''
''Il est capable de tout faire !''Dès lors, le joueur a pris conscience de ses erreurs et enchaine les performances de grande classe à son poste de milieu relayeur. En six rencontres il a inscrit la bagatelle de quatre buts et n'a été sorti du terrain qu'à une reprise par son entraineur.
Laurent Banide veut d'ailleurs faire de cette force de la nature (1m87 pour 78 kilos) la nouvelle plaque tournante de son équipe. ''Yaya apporte sa touche technique et ses percussions. Il est capable de tout faire ! Sa nouvelle envergure permet à tous de mieux jouer.''
Il faut dire que le style de Touré est des plus impressionnants. Tout en puissance et en technique, celui qui s'est imposé petit à petit en sélection aux côtés de Didier Zokora étonne par une conduite de balle parfaite et une précision de frappe chirurgicale. Des qualités que l'on retrouve souvent chez les grands milieux défensifs
Du côté du joueur, le discours se veut désormais plus humble : ''J'ai toujours l'envie de prouver, de progresser et de montrer mes qualités. A chaque match, je me donne à fond, je ne garde rien ! Si j'ai la chance d'être décisif depuis quelques matches, c'est aussi grace au travail énorme de mes coéquipiers.'' Le jeune homme (23 ans) a pris conscience qu'il était très attendu mais que c'était sur le terrain et pas ailleurs, qu'il serait jugé.
Déjà auteur de cinq réalisations (déjà le meilleur total de sa carrière) en 1 039 minutes jouées, Yaya Touré démontre le niveau de jeu qui avait fait de lui l'un des plus grands espoirs de l'Académie Mimosas de l'ASEC Abidjan. Passé entre temps par Beveren (Belgique), le Metalurg Donetsk (Ukraine) et donc l'Olympiakos (Grâce), il poursuit sa marche en avant. Et sur le terrain, balle au pied, c'est encore là qu'il est le meilleur.