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Kumasi/ Evénements Kotoko- Asec Mimosas en 93: Ce qui s’est réellement passé

Football

Kumasi/ Evénements Kotoko- Asec Mimosas en 93: Ce qui s’est réellement passé

29 February 2008 0
Kumasi/ Evénements Kotoko- Asec Mimosas en 93: Ce qui s’est réellement passé

Aujourd’hui est vendredi. Kumasi s’est réveillé dans sa même tiédeur comme depuis le premier chant de la CAN 2008. L’air frais et sec de l’harmattan fait des siennes ce matin. Il est presque 8h30. Pourtant, les commerces restent toujours clos. C’est une tradition ici. Berceau du football ghanéen et africain grâce à l’histoire et au vécu continental de l’Ashante Kotoko, la ville s’attend à vivre en témoin oculaire, la deuxième demi- finale de la 26è édition du biennal tournoi continental, Côte d’Ivoire- Egypte. Il est maintenant 10h05. Les négoces sont ouverts à présent et prêts à accueillir d’éventuels acheteurs. Les klaxons des taxis et des véhicules des particuliers arborant des drapeaux rouge, jaune et vert « tacheté » d’une étoile noire, rappellent bruyamment la confrontation du lendemain des Black Stars locaux contre les Lions Indomptables camerounais dans la première demi- finale. Tout ce brouhaha et cette animation excessive de Kumasi ne nous intéresse pas trop ce matin. L’attaque qu’ont subi les supporters de l’Asec Mimosas ici à la faveur d’une autre demi- finale de compétition africaine (il s’agissait de la Coupe d’Afrique des clubs champions devenue depuis la Ligue des champions), est le sujet qui nous taraude l’esprit. Nous voulions savoir le souvenir qu’a laissé cette chasse à l’homme dans l’esprit des fans du « grand » Ashante Kotoko. Et comment les incidents avaient déclenché. Nana Kwasi, jeune trentenaire qui se définit comme un « fan absolu » des Eléphants, avec lequel nous avons sympathisé à notre hôtel, a accepté de nous accompagné dans notre « mission ». « Je me souviens très bien de ces malheureux événements. Mais je n’étais pas au stade ce jour là. Je devais avoir 20 ans à l’époque », se rappelle- t- il d’emblée. Mais comment repérer des personnes ressources qui ont pris part ou ont été témoins de la barbarie des inconditionnels de l’Ashante ? « Allons au quartier Asakwoa », nous lance notre guide.« Les Ivoiriens ont menti »Nous déambulons depuis quelques minutes dans cette partie de Kumasi qui présente incroyablement des traits de Treichville, la chaude commune d’Abidjan. Notre premier interlocuteur est un monsieur d’une quarantaine d’années. Il refuse de dévoiler son identité du fait de la sensibilité du débat. Au bout d’une dizaine de minutes d’atermoiements, comme s’il se reprochait quelque chose, il se lâchera enfin pour évoquer « le sujet tabou ». « Nous, supporters de l’Ashante, on ne se souvient pas trop de ce qui est arrivé aux Ivoiriens ici. On se rappelle juste notre belle victoire qui nous avait donné la qualification face à l’Asec ». Tentant ensuite d’édulcorer ses propos cruels, il soulignera juste que les supporters de l’Asec Mimosas avaient été « juste » bousculés et querellés. « Mais ce n’est pas aller plus loin ». Quand nous lui rappelons que les fans jaune et noir étaient rentrés à Abidjan tout ensanglantés dans des cars endommagés, il bote en touche pour parler de cas « isolés » avant de nous éconduire gentiment. Ici à Kumasi, les tifosis de l’Ashante n’ont, en effet, aucun sentiment de regret pour le sang de leurs homologues mimosas qu’ils ont fait couler ce soir de novembre 93. Tout le monde ou presque fait semblant d’ignorer la réalité. « Vos compatriotes ont exagéré les choses, simplement pour justifier la défaite de l’Asec et s’en prendre ainsi aux ressortissants Ghanéens de Côte d’Ivoire », martèle par exemple F. Asampong. Les gens du grand club ghanéen se font malicieusement passer pour les victimes d’une bestialité gratuite pourtant enclenchée par eux et qui avait ensuite poussé les Ivoiriens à entreprendre des représailles contre les ressortissants ghanéens vivant en Côte d’Ivoire. La gravité et les morts qu’avaient engendré ces événements, avaient même coûté aux deux pays voisins, la suspension de leurs clubs des compétitions africaines en 1994.La malédiction ashantiAujourd’hui, si les supporters qui ont été les acteurs actifs de ces graves incidents font mine d’avoir oublié les tenants et aboutissants de l’attaque en règle dont a été victime les Actionnaires, certains hauts dirigeants de l’Ashante Kotoko tiennent cependant un langage moins belliqueux et moins révoltant. Un haut dirigeant du club chéri de Kumasi qui a requis l’anonymat, reconnaît que leurs inconditionnels, « poussés par la passion pour leur club », sont allés trop loin à l’époque. « Il faut les comprendre », ajoutera- t- il à notre grande stupéfaction. Pour lui, l’Ashante Kotoko et ses fans ne sont pas violents et belliqueux. « Ce qui est arrivé est déplorable puisque ça a provoqué la mort de plusieurs personnes. Surtout de nombreux innocents qui n’avaient rien avoir avec le football ». Quinze ans après, alors que les deux nations sont reparties sur de nouvelles bases de collaboration et de « cohabitation », il estime qu’il n’est pas opportun de revenir sur cette tranche de vie douloureuse pour les deux pays. « Ce n’est pas le moment de creuser avec le couteau une cicatrice qui s’est renfermée », juge- t- il. Fatalistes, certains supporters ashanti voient dans ces scènes de violence l’une des sources du malheur sportif qui frappe l’Ashante Kotoko depuis quinze ans. Le club n’est plus le roi au Ghana. Sur la scène africaine, on a également perdu de ses traces. Alors que l’Asec Mimosas se porte elle, plutôt bien depuis 1993. En 1995, pour leur retour sur la scène continentale après le « sevrage » imposé par la CAF en 1994, les Jaune et Noir ont atteint la finale de la Ligue des champions qu’ils finiront pas gagner trois ans plus tard. Et, au plan local, ils imposent un pouvoir dictatorial sur les compétitions domestiques. Entre 1993 et 2008, ils ont notamment enlevé treize titres de championnats. Est- ce à dire que Dieu a puni l’Ashante Kotoko pour avoir fait vivre l’enfer à l’Asec Mimosas et ses supporters et d’avoir été ainsi à la base de l’un des plus grands drames du football africain ? « Je ne crois pas », répond sans grande conviction et le regard noir, le dirigeant ghanéen. A quelques mètres de chez lui, les Ivoiriens installent en chantant, « leur village » de la CAN (VIGHAN 2008). Le lendemain, ils seront des milliers à se rendre au Baba Yara Stadium pour assister à la faillite des siens devant l’Egypte. Un « prestige », une liberté que n’avaient pu s’offrir en 1993 les Actionnaires dans ce même stade. Flagellés, battus par les supporters de l’Ashante Kotoko, ils s’étaient vus brutalement refusé l’entrée de l’enceinte footballistique de Kumasi aujourd’hui entièrement rénovée pour accueillir la CAN 2008. Exit donc l’ancienne bâtisse qui a avait assisté aux pleurs des Actionnaires. Tout un symbole. Les plaies se sont vraiment cicatrisées. Il ne faut donc pas les écorcher. Laissons mourir les vieux démons.
Joachim Tiégna Envoyé spécial à Kumasi

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