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Football et racisme:Et si le hooliganisme nous rassemblait?

Football

Football et racisme:Et si le hooliganisme nous rassemblait?

29 November 2005 0
Football et racisme:Et si le hooliganisme nous rassemblait?

En Angleterre, berceau du hooliganisme, le racisme

des supporters existe toujours, il a seulement chang? de forme. Dans les ann?es 70 et 80, les

supporters accablaient d?injures les joueurs noirs. La fermet? des campagnes d?opinion condamnant

ces manifestations avait fini par porter leurs fruits. 
Mais les pr?jug?s n?ont

pas disparu et, ces derni?res ann?es, un racisme plus insidieux empoisonne le jeu. Dans presque

toute l?Europe, les stades servent de d?fouloir aux esprits les plus ?troits. Sous pr?texte de

rivalit? sportive, on y tol?re des attitudes qui n?ont pas droit de cit? ailleurs.
Une

affaire tragique, ? Saint-S?bastien en Espagne, en est l?exemple le plus r?cent. A l?issue d?un

match entre les Basques de Real Sociedad et l?Atletico de Madrid qui se solde par un score nul, les

supporters s?affrontent violemment. Un supporter basque, Aitor Zabaleta, est tu?. Selon la version

officielle, il s?agit d?une simple ?chauffour?e qui a mal tourn?. Pourtant, Ricardo Guerra, mis en

examen pour ce meurtre, est membre du Bastion. Or, lors de la rencontre, ce groupe d?ultras de

l?Atletico chantait sur l?air de l?hymne national espagnol: ?Dehors, dehors les p?d?s, les n?gres,

les Basques et les Catalans?. Ils vont m?me surench?rir, pendant le match retour, en exhibant devant

les cam?ras de t?l?vision un drapeau portant la croix gamm?e.
Pour de nombreux

commentateurs, la haine raciale qui s?exprime dans les stades refl?te l?influence des groupes

n?o-nazis sur ce milieu. Dans toute l?Europe, des groupes de supporters exsudent la m?me haine de

l??tranger. Ils gravitent autour de l?Atletico et du Real Madrid en Espagne, du Lazio et du Milan AC

en Italie, du PSG en France et du Red Star Belgrade en Yougoslavie? Ils ont forc? le club italien

Udine ? abandonner son projet d?engager le joueur isra?lien Ronnie Rosenthal en multipliant les

bombages antis?mites sur le si?ge du club; ? Rome, ils d?roulent face ? leurs rivaux locaux une

banderole o? l?on peut lire: ?Auschwitz est votre pays, le cr?matoire votre foyer?.
Ces

manifestations de haine raciale refl?tent-elles pour autant une v?ritable emprise des groupes

n?o-nazis sur les supporters? En Allemagne par exemple, l?influence de l?extr?me droite dans les

stades est largement admise et soulign?e par les m?dias. Pourtant, selon le professeur Volker

Rittner, de l?Institut de sociologie du sport de Cologne, ?les symboles nazis ne servent qu??

provoquer, ? briser les tabous. Ils n?ont pas de vis?e politique et servent uniquement ? attirer

l?attention, ? faire la une des journaux du lundi?.
M?me quand le racisme des supporters

se veut plus politique, il reste souvent instable et fluctuant car en r?alit?, seules comptent les

rivalit?s entre clubs: ? la premi?re occasion, le racisme c?de le pas. En 1990, en Italie, pendant

la coupe du monde, les supporters de Naples avaient reni? leur ?quipe nationale au profit de

l??quipe argentine, dans laquelle ?voluait Diego Maradona, qu?ils consid?raient comme un v?ritable

h?ros. Aussit?t, les ?ultras? du Nord avaient manifest? leur hostilit? traditionnelle envers ces

?sudistes? en prenant parti pour les ?quipes affrontant l?Argentine: ainsi, m?me les supporters les

plus racistes s??taient brusquement pris de passion pour l??quipe camerounaise... Fond?e sur

l?antagonisme, la culture des clubs de supporters blancs exige de recourir ? ?l?insulte efficace?, ?

la provocation la plus pertinente, celle qui saura le mieux blesser.  Au Royaume-Uni,

les supporters de tous les clubs rivaux de Liverpool scandent r?guli?rement: ?Plut?t ?tre

pakistanais qu?habitant de Liverpool?. De m?me, en Italie, les supporters nordistes parlent souvent

des ?Noirs? quand ils ?voquent leurs adversaires m?ridionaux. Dans chacun de ces cas, l?insulte est

efficace parce qu?elle fait r?f?rence ? un groupe racial m?pris? par les fans des deux camps.

Affirmer que l?on pr?f?re le ?Paki? ? l?habitant de Liverpool revient ? charger l?injure d?une forte

dose de venin, tout comme associer les Italiens du Sud ? la noirceur suffit ? raviver de vieux

fantasmes n?s de la proximit? g?ographique de l?Afrique.
Injures prof?r?es sous

toutes les latitudes
L?efficacit? des propos racistes repose sur les pr?jug?s

dont souffrent certaines minorit?s ethniques dans de larges secteurs de la soci?t? europ?enne

blanche. De ce point de vue, le racisme appara?t comme marginal plut?t que programmatique: il

repr?sente une arme parmi d?autres, utilisable dans les rivalit?s ritualis?es entre supporters, pour

peu que les circonstances s?y pr?tent. Comme on le sait, ni les chants des ultras italiens, adapt?s

du r?pertoire communiste ou fasciste, ni les hymnes chr?tiens entonn?s par les fans britanniques, ne

permettent de conclure ? de quelconques affinit?s politiques ou religieuses.En comparant les

injures prof?r?es sous toutes les latitudes, on se rend bien compte qu?elles s?appuient sur des

pr?jug?s communs aux supporters. Au Br?sil par exemple, o? de nombreux fans appartiennent ? des

groupes ethniques marginalis?s et souffrant eux-m?mes de discrimination, les abus racistes sont

rares (c?est la d?rision sexiste qui pr?vaut). En Angleterre, les succ?s sportifs des joueurs noirs

ont modifi? la donne: l?humour x?nophobe prend pour cible les Pakistanais ou, dans le cas de Patrick

Vieira, les Fran?ais. En Europe de l?Est et, dans une certaine mesure, en Allemagne et en Italie, le

racisme anti-noir tient toujours le haut du pav?, en raison de la relative raret? des joueurs noirs

dans les ?quipes.
Le spectre du racisme qui habite les stades nous atterre. Mais on se

fourvoierait ? chercher ses origines dans l?influence de l?extr?me droite ou dans une d?viance

psychologique des supporters. Cette violence n?est qu?un sympt?me. Le mal est ailleurs, dans la

soci?t? europ?enne

elle-m?me.              &n

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p;     Unesco.org

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