can-2023-ads.jpg

Flash Info

  • 27/03/2024 Athlétisme-JO PARIS 2024: Diomandé Ibrahim croit en ses chances de qualification
  • 27/03/2024 Football-LDC CAF : Quarts de finale aller : Les Mimos sont arrivés à Tunis dans la matinée de ce mercredi 27 mars
  • 26/03/2024Football-International : Amical : Uruguay 1-2 Côte d'Ivoire
  • 26/03/2024Football-Eléphants : Amical : "Charles était en compétition en Ligue des Champions, nous avons jugé préférable de le laisser à la disposition de son club", Emerse Faé
  • 26/03/2024 Hall of fame Premier League : Yaya Touré dans la short list
  • 25/03/2024 Football-Ligue des Champions CAF : 20 mille tickets mis en vente pour le quart retour Asec Mimosas-Espérance de Tunis

Didier Drogba : «Je me considère comme un privilégié»

Football

Didier Drogba : «Je me considère comme un privilégié»

25 June 2008 0
Didier Drogba : «Je me considère comme un privilégié»

Venu à Abidjan la semaine dernière, pour les funérailles de sa grand-mère et pour la promotion de son livre « C’était pas gagné », le capitaine des Eléphants, Didier Drogba, s’est ouvert.
Didier, les deux matches nuls consécutifs concédés par les Eléphants en trois matches des éliminatoires couplées CAN/Mondial 2010, ne les mettent-ils pas dans une situation délicate pour le reste de la compétition dans ce groupe 7 ?
Non, je ne le crois pas. Nous nous serions mis en danger, si nous avions perdu ce match contre le Botswana. Maintenant, j’admets que tout le monde s’attendait à mieux  par rapport à l’adversaire. C'est-à-dire qu’on espérait un meilleur résultat. Parce qu’il s’agit avant tout de l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire.
Ce match nul est quand même un mauvais résultat…
Pour moi, il n’est pas mauvais. Nous avons joué contre une équipe qui est en tête du groupe 7. C’est donc elle qui a été tenue en échec à domicile. Le match retour sera donc différent. Nous devons donc battre le Botswana chez nous. Mais si nous ne parvenons pas, en ce moment-là on pourrait considérer ce nul comme un mauvais résultat. Il faut donc tout mettre en œuvre pour gagner à domicile.
• N’avez-vous pas le sentiment qu’aujourd’hui, les Eléphants sont devenus une équipe quelconque sans leurs ténors ?
: Je ne partage pas ce point de vue. Puisque certains cadres sont là. Je veux parler de Touré Kolo, Méïté Abdoulaye, Copa Barry, Maestro, Eboué Emmanuel et Boka Arthur… Ils sont quand même six. C’est un peu l’ossature de la sélection.
• Les croyez-vous capables de tirer l’équipe vers le haut sans les cinq autres ténors ?
: Pourquoi pas ! Ils sont tout de même six qui sont présents sur onze titulaires. C’est dire qu’il y a une majorité qui se dégage au niveau de l’ossature actuelle. Cela aurait donc dû être largement suffisant pour avoir des résultats.
 Et pourtant, ce n’est pas le cas, puisque leurs prestations sont tirées par les cheveux…
: C’est vrai. Nous savons tous qu’il suffit d’un grain de sable dans une machine pour qu’elle soit enrayée, ou qu’elle ne fonctionne plus comme en a l’habitude. C’est peut-être ce qui arrive à la sélection.
• Cependant, n’a-t-elle pas été beaucoup fragilisée par les défections de ses principaux cadres notamment Kader, Kalou, Aruna, Baky, Gnegnery et vous-même ?
: C’est vrai. Quand il y a beaucoup de défections dans une équipe, à un moment donné, cela pèse en effet sur sa prestation. Il faut du temps pour que l’équipe trouve des automatismes. C’est d’ailleurs ce que nous constatons aujourd’hui avec les Eléphants. Les trois matches n’ont pas été faciles pour les joueurs. Il leur faut encore une période d’adaptation et aussi les automatismes. Le problème n’est donc pas encore résolu.
• La réalité n’est-elle pas aussi que l’équipe nationale repose sur une colonne vertébrale, Didier-Gnégnéry-Kolo ?
: (Il réfléchit longuement). A mon avis, si l’équipe avait gagné ses deux derniers matches, nous ne serions pas là en train d cogiter là-dessus. Tout le monde serait, sans doute, en train de vanter les mérites de l’équipe actuelle. Peut-être même qu’on s’en serait pris aux joueurs absents.
• N’est-ce pas plutôt parce que les joueurs présents semblent ne pas être à la hauteur ?
: Il faut analyser les choses avec beaucoup de lucidité. Ne faisons pas un mauvais procès à cette équipe. Je pense qu’elle essaie d’être à la hauteur. Mais nous devons prendre un peu de recul par rapport à cette situation-là. Elle doit même nous amener à poser, ensemble, les vrais problèmes de l’équipe nationale aujourd’hui
A quel niveau ?
Je pense qu’il serait intéressant que nous ouvrions le débat sur l’avenir du football ivoirien. En ce sens que nous devons songer à préparer cet avenir-là dès maintenant.
Qu’est-ce qui urge d’autant que la génération actuelle a encore de belles années devant elle ?
: Justement, c’est l’erreur à ne pas commettre. Je veux dire que nous ne devons pas attendre cinq ou dix ans avant de préparer la relève de demain. Cela doit se faire maintenant. Et non, attendre que notre génération ne soit plus opérationnelle pour rechercher d’autres talents. Voyez-vous, il s’agit d’un travail de fond. Un travail de longue haleine qui nécessite une bonne gestion des ressources humaines.
Cet avenir-là n’est-il pas déjà assuré par la sélection olympique ?
On peut être satisfait des premiers pas de la sélection olympique. Elle a obtenu de bons résultats. Et je souhaite que cette qualification pour les J.O. de Pékin 2008 ait des retombées positives sur le football ivoirien. C'est-à-dire, qu’il n’y ait pas de cassure entre les Olympiques et nous. Mais d’ores et déjà, elle  réalisé quelque chose d’extraordinaire en se qualifiant pour les J.O de Pékin.
Les croyez-vous vraiment capables d’assurer une bonne transition après vous ?
: Je pense que oui. Les Olympiques peuvent en effet être le lien pour le changement après notre génération. La transition va donc se faire. Et, c’est petit à petit, qu’il faut intégrer les Olympiques afin qu’ils prennent la température du haut niveau. Pour moi c’est une bonne chose. Car, nous n’allons plus perdre de temps pour avoir de bons joueurs. En résumé, je pense que nous devons tous nous engager pour préparer l’avenir du football ivoirien.
En attendant, les prestations laborieuses de la sélection actuelle ne démontrent-elles pas que le vivier du football ivoirien n’est pas aussi immense qu’on le croyait ? Autrement dit, les Eléphants ne sont forts qu’avec les Drogba, Kalou, Aruna, Kader, Gnegneri, Koné Arouna…
: (Rire). Nous avons un potentiel qui est de qualité. Le reste est une question de gestion du groupe.
Mais n’y a-t-il pas danger en dehors des cas de blessures déclarés ou supposés, certains de vos camarades n’ont-ils pas voulu tout simplement boycotter la sélection ?
J’avoue que je suis embarrassé pour vous répondre. Le problème est en effet difficile. Mais quand un joueur déclare qu’il s’est fait opérer du dos, ou qu’il a mal quelque part, ou encore que les médecins lui ont demandé d’observer un repos, qu’est-ce que vous pouvez faire dans ce cas-là ?
S’agit-il d’un mauvais procès fait à l’encontre de certains joueurs absents ?
J’estime qu’il ya des choses à ne plus faire aujourd’hui. C'est-à-dire, cette façon de demander, chaque fois, à un joueur blessé de venir en sélection. Nous ne devons plus continuer à fonctionner comme ça. Il vaut dorénavant éviter cela. Parce que ce n’est pas bien de demande à un joueur blessé de venir nous aider dans un match. On veut qu’il joue à tout prix, alors qu’il déclare une blessure. Honnêtement, je ne partage pas cette vision des choses.
Le problème n’est pas forcément les cas de blessures déclarées. Ce sont plutôt les absences injustifiées qui font débat…
Mais une sélection nationale, c’est aussi vingt-deux internationaux. Et c’est encore trente présélectionnés. En clair, il s’agit des meilleurs internationaux d’un pays. Où est donc le problème ?
C’est certes vingt-deux sélectionnés ou trente présélectionnés mais qui n’ont pas le même talent ?
Certes. Mais, il faut faire en sorte qu’une absence soit compensée afin qu’on ne sente pas une très grosse différence de niveau entre les deux joueurs. Si le titulaire est absent, il faut que le remplaçant qui, lui, cherche une place de titulaire soit à la hauteur. Pour ma part, j’estime que le meilleur moyen de combler ce déficit-là, c’est de venir jouer. La meilleure façon de boucher ce vide-là, c’est que le remplaçant accepte de répondre à la convocation du sélectionneur. Car, chacun doit se battre pour mériter sa place.
Didier en tant que capitaine des Eléphants, certains de vos camarades vous ont-ils appelé pour justifier leur absence ?
Oui. Effectivement, nous communiquons entre nous. J’ai eu l’occasion d’échanger avec certains. En dehors du problème actuel, j’ai toujours été en contact avec la plupart des joueurs. Je ne le cache pas. Il y a eu des cas d’indisponibilité dus à des blessures. D’ailleurs, moi aussi, je me suis trouvé dans ce cas-là. Je ne suis pas avec la sélection parce que je suis blessé.
N’avez-vous pas des regrets en regardant la sélection actuelle se débattre dans cette compétition ?
J’avoue que ce n’est pas facile. Croyez-moi. Cette absence me pèse. J’ai envie de retrouver la sélection au plus vite. Je suis malade quand je vois mes camarades en difficulté. Pour moi, c’est difficile à supporter. Je les suis, sans pouvoir les aider. C’est vraiment quelque chose de pénible. Mais je devais faire un choix. Et je l’ai fait.
N’avez-vous pas, vous aussi, prétexté une blessure pour ne pas disputer ces qualifications du mois de juin ? En clair, Didier était-il réellement blessé après la finale de Moscou ?
Ma blessure n’est pas diplomatique. J’ai suivi tout simplement les recommandations du médecin. Tout le monde sait que j’avais été opéré avant d’aller à la CAN. J’aurai même dû observer un repos afin de bien guérir.
Mais pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?
Parce qu’il fallait que je parte à la CAN. Je me suis sacrifié pour cela. Parce que je n’étais pas totalement prêt. J’ai ensuite connu des moments difficiles après la CAN. Aujourd’hui, je suis donc dans l’obligation d’observer un repos forcé. Vous savez, il y a deux cas possibles dans ce genre de situation. Soit, on prend le risque de jouer après une blessure qui a nécessité une intervention chirurgicale, et aggraver le mal, soit on accepte de suivre les recommandations du médecin, et observer un repos. Drogba a donc ainsi choisi la seconde option.
N’avez-vous pas le sentiment qu’un vent de démobilisation qu’un vent souffle sur cette équipe des Eléphants après la campagne ratée de Ghana 2008 ?
Sur quel plan ? A quel niveau ? En ce qui me concerne, je n’ai pas de problème majeur. Et puis, si je parle de démobilisation, c’est reconnaître de facto qu’il y a des joueurs qui n’ont plus envie de venir en sélection. Et, je ne pense pas que ce soit le cas présentement.
Honnêtement fait-il bon vivre dans cette équipe des Eléphants aujourd’hui ?
Pourquoi pas ! Franchement, je ne suis pas convaincu que des joueurs n’aient pas envie de jouer pour l’équipe nationale. Je ne pense pas non plus qu’ils refuseraient de porter le maillot national. Mais, si tel était le cas, ce sera vraiment malheureux. De mon côté, j’estime que c’est un honneur et un prestige de porter le maillot de la Côte d’Ivoire.
La gestion du groupe n’a-t-elle pas créé des frustrations au Ghana ?
Je ne le crois pas. Et puis après tout, nous savons tous qu’un joueur est mondialement reconnu, quand il a porté le maillot de son pays. En ce qui me concerne le maillot de la Côte d’Ivoire est sacré. On peut certes avoir des avantages en club. Mais, participer à une compétition comme la Coupe du monde avec son pays, c’est ce qui fait que le joueur a un plus contrairement à son camarade qui n’a pas disputé cette compétition.
Quand on regarde le comportement de certains de vos coéquipiers, on a l’impression que le feu couve sous les cendres quelque part…
Aucun digne ne me permet de le dire. Je sais cependant une chose. Quels que soient les ressentiments ou les frustrations, nous devons tous rester unis et solidaires autour du maillot national. Aujourd’hui, le fait d’avoir disputé la Coupe du monde, nous a permis de faire la promotion de la Côte d’Ivoire partout dans le monde. C’est un investissement qui est énorme. Et cela rejaillit forcément sur nous joueurs en premier. Ce n’est pas parce que je joue à Chelsea, ou tel autre à Arsenal, Barcelone ou Lyon, qui fait que nous sommes respectés. Pour moi, c’est d’abord la Coupe du monde. Le maillot national est donc important.
Un ressort n’est-il pas cassé au sein du groupe aujourd’hui ?
J’avoue que ce serait vraiment dommage, s’il devait y avoir une démobilisation au sein de notre équipe. Vous savez aussi que dans la vie, on fait des choix. Et, moi, je respecte les choix des uns et des autres. Mais, cela ne peut pas empêcher les autres de continuer à avancer. Et surtout de travailler.
Comment réagissez-vous face à la rumeur d’une dissension qui existerait au sein du groupe ?
: Ce qui me dérange le plus, c’est le fait de soulever toujours les mêmes problèmes. Cela, à chaque fois qu’on sort d’une élimination à une phase finale de la CAN. J’avoue que ça me désole. On ne va pas nous ressortir le même discours après chaque défaite en finale ou demi-finale.
• Mais le groupe est-il soudé aujourd’hui plus qu’hier ?
: Il n’ya jamais eu de problème au sein du groupe. Il n’y a jamais eu de tension entre les joueurs. Je suis bien placé pour le dire. En tout cas tout se passe bien entre nous.
• Honnêtement, cette campagne ratée n’a-t-elle pas crée une déchirure entre vous joueurs ?
: Les gens peuvent dire et penser ce qu’ils veulent. Cependant, qu’ils sachent une chose. Mes camarades et moi, avons été très déçus de cette élimination en demi-finale contre l’Egypte. Nous avons été profondément affectés. Parce que nous aurions voulu aller jusqu’au bout de cette CAN. Les Ivoiriens croyaient en nous. Nous aussi, nous y croyions fortement. Cet échec a donc été une énorme déception pour nous. Titulaires ou remplaçants, nous avons tous été bouleversés.
• Toutefois, n’avez-vous pas le sentiment que les Eléphants sont ressortis fragilisés par toutes les critiques concernant de nombreux cas d’indiscipline a sein du groupe pendant cette campagne ?
: Je trouve dommage et regrettable qu’on aille exposer  les problèmes du groupe dehors. La déception se partage en famille. Le malheur se vit en groupe. Car, nous ne pouvons dire que nous formons une famille en sélection, et aller exposer les problèmes ailleurs. Cela dit, je ne sais pas pourquoi, certains ont évoqué des problèmes d’indiscipline au sein du groupe. Je suis surpris d’entendre ce genre de contrevérités. Les problèmes d’indiscipline au sein du groupe. Ils se règlent aussi en interne. Aussi, quelle que soit l’amertume ou la déception, devons-nous rester unis et solidaires. C’est ce qui rend le groupe plus fort.
Certains internationaux ne vivent-ils pas mal aujourd’hui leur statut de remplaçants au sein de l’équipe ?
: Je pense que c’est tout à fait normal que, dans la gestion d’une équipe, il y ait des frustrations par rapport au statu de titulaire. Dans une équipe, il y a toujours ceux qui jouent et ceux qui ne jouent pas. Et quand on n’est pas titulaire, on est forcément frustré.
• Didier, certains de vos coéquipiers ne se sentent-ils pas frustrés du fait de leur statut d’éternels remplaçants en sélection ?
: La frustration ne doit pas empêcher un joueur qui est aligné dans un match de se donner à fond. On est frustré quand on est sur le banc de touche. Mais, une fois que le coach vous jette sur le terrain, même pour une dizaine de minutes, vous devez vous battre pour lui prouver que vous méritez une place de titulaire. Il faut donc donner le maximum sur le terrain. La place de titulaire s’arrache. Et puis, le football n’est pas un sport individuel.
• Mais, certains choix du sélectionneur lors de la dernière CAN, n’étaient-ils pas contestables. Notamment, le fait de laisser certains joueurs, Baky ou même Faé sur le banc de touche…
: Quels que soient les choix, il faut mettre sa frustration de côté au profit du groupe et du collectif. Nous avons, aujourd’hui, certains joueurs qui ont le statut de titulaire en équipe. Mais, eux aussi, ont été des remplaçants au départ. Ils ont donc vécu cette situation-là. Certainement que, demain, ils ne seront plus titulaires. Il faut respecter les titulaires. Eux aussi doivent impérativement respecter les remplaçants. C’est la base du football.
• Avec du recul, comment analysez-vous l’échec des Eléphants au cours de cette CAN 2008 ?
: Je crois qu’à un moment donné, on a fait preuve d’un excès de confiance. On était très euphoriques après le match contre la Guinée. Nous nous sommes dit que nous allions laver l’affront de 2006 en battant les Egyptiens. Nous voulions surtout leur prouver que nous étions plus forts. Je pense qu’on avait une sacrée équipe dans cette CAN. D’où la déception qui nous a habités tous.
• Mais qu’est-ce qui n’a pas surtout marché dans la gestion du match contre l’Egypte ?
: Notre équipe a un gros problème. Il nous manque encore cette capacité de réaction pour revenir au score quand nous sommes menés. C’est dans ce sens-là que nous devons encore travailler. Quand, c’est nous qui menons au score, tout baigne. Mais, quand c’est le contraire, alors la machine se dérègle. Nous ne jouons plus de la même façon.
• Dans ces conditions, comment les Eléphants peuvent-ils être une grande équipe demain ?
: Il n’y a pas de recette miracle. Il faut travailler. Nous devons nous dire que nous ne sommes pas encore les rois d’Afrique. Nous sommes considérés seulement comme l’une des meilleures équipes en Afrique. Ça veut dire que nous avons quatre, cinq ou six équipes devant nous. Nous sommes classés à la 7è ou à la 8è place. Mais nous nous rapprochons du haut niveau. Je pense que c’est encourageant.
• Mais votre génération n’a encore rien gagné comme titres ?
:   C’est vrai. Nous sommes même des stars locales. Mais, en 2002, la Côte d’Ivoire n’avait pas la cote qu’elle a aujourd’hui. Nous avons notre place sur le continent. Nous pouvons rêver de grimper plus haut. Mais il ne faut pas se vanter non plus. Parce que notre génération n’a rien gagné.
• Cette équipe des Eléphants ne souffre-t-elle pas d’un déficit collectif ?
: Il faut que les gens sachent ce qu’ils veulent. On a toujours reproché à cette équipe de ne compter que sur Didier Drogba. On disait qu’elle reposait sur moi. On parlait même de Drogba dépendance. Pour dire que j’étais le seul buteur de l’équipe.
• N’était-ce pas vrai ?
: Justement, c’étaient les critiques en 2006. Aujourd’hui, c’est tous les joueurs qui marquent des buts. A la CAN 2008, nous avons eu des buteurs différents. Je suis donc surpris que les gens nous reprochent un manque de collectif et d’altruisme. Moi, je ne comprends plus rien. Il faut que l’on me l’explique.
• Ne tire-t-elle pas sa force beaucoup plus sur le talent des es individualités que sur une maîtrise collective ?
: Les individualités existent dans toutes les équipes. La Côte d’Ivoire n’est pas la seule équipe qui s’appuie sur ses talents individuels. Ailleurs, vous avez Barcelone, Chelsea, Manchester qui, parfois, s’en sortent grâce à leurs individualités.
• A quel niveau la Côte d’Ivoire doit encore progresser ?
: Au niveau de la rigueur tactique d’abord. Techniquement, nous savons jouer au football. Mais, c’est au niveau tactique, que nous devons mettre de la rigueur au niveau de la stratégie, de la malice, de l’expérience et une accumulation de matches, nous pourrons grandir.
• Qu’est-ce que Vahid Halilhodzic peut apporter de plus à cette équipe des Eléphants ?
: Je le connais bien. Il peut nous apporter beaucoup. Ça c’est sûr. Notamment, son expérience du haut niveau. Lui aussi est passé par l’école nantaise comme Henri Michel.
• N’est-il pas handicapé par son manque de vécu en tant que sélectionneur national ?
: Il a quand même l’expérience africaine. Halilhodzic a beaucoup de qualité. Il est connu pour sa rigueur. Il tient beaucoup à la discipline tactique. J’avoue que j’ai hâte de revenir jouer, mais surtout de le retrouver. La sélection me manque énormément.
• Est-ce vrai que vous avez exprimé le désir de disputer les Jeux Olympiques avec la sélection de Gérard Gili ?
: J’aimerais bien disputer les prochains J.O avec la sélection espoir. Pour moi, ce serait un honneur. Malheureusement, je ne suis pas maître de mon destin. La dernière décision revient à mon club. C’est Chelsea qui peut décider de me laisser partir ou pas.
• Gili vous a-t-il fait cette proposition ?
: Il me l’a proposé effectivement. J’ai trouvé que c’était intéressant. C’est à la CAN que nous avions évoqué cela. J’aimerais bien aller à Pékin. Mais tout dépend de mon club. Et de mon état de santé aussi.
• Didier Drogba a-t-il un statut de privilégié en sélection nationale ?
: Je vous remercie sincèrement pour la question. Je suis aussi honnête et franc avec vous. Oui, je me considère comme un privilégié en sélection. Etant donné que j’ai l’honneur de porter le maillot de la Côte d’Ivoire. Pour moi, c’est un privilège.
• Dans quel sens ?
: Nous sommes près d’une vingtaine de millions d’habitants. Et je fais partie de ceux qui ont la chance de porter le maillot de la Côte d’Ivoire. C’est donc un immense privilège qui m’est fait. Par conséquent, j’ai un statut de privilégié. Et j’en suis fière. Voilà pourquoi, je n’ai jamais fait de difficulté pour venir en sélection. Je me suis toujours arrangé pour être là. Je mets tout en œuvre pour venir jouer pour mon pays.
• Ne s’agit-il pas plutôt d’un statut Didier Drogba et les autres… Une façon de dire que les dirigeants vous accorderaient plus de privilèges que les autres joueurs en sélection ?
: Je vais vous dire une chose. Je viens en équipe nationale parce que je veux partager le respect que j’ai pour les Eléphants avec le public. Mais, de là à dire qu’il existe un statut Didier Drogba et les autres, je pense que c’est manquer de respect aux autres internationaux. Et c’est aussi me manquer de respect. Et ça, je ne peux pas l’accepter.
• Vous êtes sur le même pied que les autres internationaux… ?
: Je suis quelqu’un de très simple. Je ne cherche pas non plus à abuser de ma position actuelle de leader de la sélection. Sinon, je peux, moi aussi, revendiquer certaines choses en sélection. Ou, même imposer ma façon de voir au coach et aux dirigeants. J’aurais pu imposer à l’équipe ma conception du jeu. Ça, je peux le faire. De même que, si je veux exiger qu’un tel ne joue pas, il ne jouera pas. Je suis tout aussi capable de choisir le partenaire que je préfère pour qu’il joue à mes côtés. Mais, je suis resté loin de tout cela. Je n’ai jamais voulu imposer mon point de vue. Je suis choqué d’entendre cela.
• Considérez-vous cela comme des attaques gratuites ?
: Absolument. Parce que comme je l’ai dit, je suis capable de beaucoup de choses en sélection. Mais je ne le fais pas pour préserver la discipline de groupe. Sinon, Didier Drogba peut lui aussi venir en sélection le vendredi. Et revendiquer une place de titulaire le dimanche. Tout en sachant que je vais jouer. Certains l’ont fait dans le passé. Moi aussi, je peux le faire aujourd’hui.
• On vous reproche aussi votre implication dans le classement de l’équipe. Est-ce vrai ?
: Mais, c’est faux. Jamais je ne me suis impliqué dans un classement. Je ne suis pas aussi quelqu’un qui est fermé. Je suis un homme simple. Quand on me demande mon avis, je suis prêt à le donner. En clair, je n’interviens que lorsque je suis sollicité.
• Est-ce ce qui se passait entre vous et tous les sélectionneurs ?
: Lorsqu’un coach vient discuter avec moi, je lui donne mon avis. Mais, cela ne veut pas dire que Didier décide à la place de l’entraîneur. Je n’ai jamais pris la décision de faire jouer tel ou tel joueur par rapport à tel autre. Didier Drogba n’a jamais demandé au sélectionneur national de convoquer un joueur et non un tel. Il n’a non plus pas demandé à un entraîneur de titulariser un tel joueur au détriment d’un autre.
• Selon vous qu’est-ce qui peut expliquer toutes ces méchancetés contre vous ?
: Je me l’explique difficilement. Parce que je n’ai rien fait de mal. Et puis, je ne sais pas, par rapport à quoi, certaines personnes agissent comme cela. Je préfère ne rien dire. C’est aussi par respect pour les gens qui m’entourent que je n’agis pas. Je le fais aussi par respect pour mes coéquipiers et pour l’ensemble des Ivoiriens. Car, ils ont beaucoup d’estime pour moi. Pour vous dire que je ne pense pas qu’à moi seul.
• La présence permanente de vos parents à vos côtés quand vous êtes en sélection, ne contribue-t-elle pas à alimenter toutes ces rumeurs sur votre compte…
: Mes parents ne se sont jamais impliqués dans la sélection. C’est archi-faux de dire ça. Et puis, est-ce que le fait qu’ils viennent me voir, pour prendre des tickets d’entrée au stade pour le match, doit signifier qu’ils sont impliqués dans ka vie du groupe ? Non, je ne le crois pas.
• Mais par rapport aux internationaux, n’y a-t-il pas deux poids, deux mesures ? La carotte quand il s’agit de Drogba et le bâton pour les autres …
: En fait, c’est tellement facile de dire ce genre de contrevérités. Mais j’assume. Car, aujourd’hui, sans prétention aucune, ni fausse modestie, je suis bel et bien un des leaders de la sélection. En tout état de cause, on peut me reprocher de n’avoir pas été bon lors de la demi-finale. Ce qui n’est d’ailleurs pas forcément vrai. On peut dire, ce jour-là, je n’ai pas été efficace. Ça je peux l’accepter. Tout comme je ne suis contre les critiques. Toutefois, je considère ces attaques comme des excuses ou même des bassesses qu’on trouve quand on n’a rien à reprocher à un joueur.
• Comment réagissez-vous aujourd’hui par rapport à cela ?
: Cela me fait sourire. Ces attaques ne peuvent pas me faire mal. Puisque, je ne porte aucune considération envers ceux qui les profèrent. Pour moi, ils n’ont aucune qualification. Je me rends aussi compte que certains n’ont même pas le courage de signer leurs articles. Je souhaite qu’ils viennent me voir pour m’interroger. Ils sauront ce qui se passe.
• Vous est-il arrivé de penser que tout ce qui se dit contre vous, serait entretenu par certains de vos camarades de la sélection ?
: Je ne sais pas. Peut-être que c’est vrai. Mais, je n’ose pas y penser. Parce que si c’est vrai, je souhaite que ces personnes-là aient le courage de venir me voir pour qu’on en discute. Car, je n’ai tué personne jusqu’à présent. Je suis ouvert à toutes les discussions.
• Finalement, est-ce que vous vous dites, quelque part, ai-je bien fait de jouer pour les Eléphants de Côte d’Ivoire ?
: Jamais cela ne m’est venu à l’esprit. Je ne suis non plus pas venu me mettre dans des problèmes. J’ai délibérément opté pour la sélection ivoirienne. Je suis même fier d’avoir fait ce choix. Je sais que beaucoup de personnes auraient voulu être à ma place aujourd’hui. Ce qui explique toute cette envie et jalousie venant de certaines personnes. Mais, je ne peux rien faire contre les vilains sentiments. Je suis quelqu’un d’ouvert. Et l’image qu’on me donne comme étant celui qui dirige tout, est tout à fait fausse.
• Ouvrons à présent le chapitre de votre avenir. Se jouera-t-il, finalement, à Chelsea ou ailleurs dans un autre grand club européen ?
(Rire). Pour le moment, je suis un joueur de Chelsea. Et mon contrat court jusqu’en 2010. A chaque fin de saison, les gens spéculent sur ma prochaine destination.
• N’est-ce pas vous-même qui aviez souhaité partir de Chelsea…
: J’avais en effet dit que je voulais partir en fin de saison. Je constate que beaucoup de choses se disent aujourd’hui. Mais il y a aussi beaucoup de choses qui sont fausses.
• L’arrivée de Scolari ne va-t-elle pas vous pousser à rester à Chelsea ?
: Scolari est un très grand entraîneur. Il a une belle carte de visite. Il a été champion du Monde avec le Brésil. En tout cas, Scolari est un entraîneur réputé. C’est quelqu’un qui a l’expérience et un savoir-faire qui peuvent beaucoup apporter à Chelsea.
• Mais quelle décision comptez-vous prendre ?
: Je dois d’abord discuter avec mes dirigeants. Si je dois partir, ce sera avec l’accord de Chelsea. Quelle que soit la décision que je prendrai, je dois faire le point avec mes dirigeants. Mais, pour l’instant, je n’ai donc pris aucune décision.
• Le Milan AC, par la voix de Galliani qui est un dirigeant influent du club, a prétendu que Chelsea a donné l’autorisation à son club de discuter avec vous…
: J’ai appris cela dans la presse. Je l’ai lu comme vous dans les journaux presse. Mais je n’étais  pas là à ce moment-là. J’étais en vacances quand j’ai vu cette information dans la presse.
• Si ce n’est pas le Milan AC, c’est donc l’Inter… ?
: Pourquoi l’Inter de Milan particulièrement ?
• Parce que Mourinho dit veut reconstituer son trio magique, Lampard-Carvalho-Drogba…
: (Eclats de rire). Je vais vous dire une chose. Si vous écoutez Mourinho, vous n’en finirez jamais avec ses histoires. Mourinho veut tout le monde. Il veut tous les joueurs de Chelsea. Il veut ceci, il veut cela. Il est comme ça.
• De quel côté votre cœur penche-t-il entre les deux Milan ?
: (Rires). Non, je ne vous dirai pas. Mais, j’ai ma petite idée sur tout ça. Je n’ai pas envie de mettre de l’huile sur le feu. Ce n’est vraiment pas le moment. Je suis en vacances. Et je veux me reposer tranquillement.
• La défaite en finale de la Ligue des champions 2008 est-elle pour quelque chose dans votre volonté de partir ?
: Pas du tout. Et puis, ce n’est pas un match qui va décider de quoi que ce soit. Pas maintenant en tout cas.
• Ce carton rouge en finale ne vous rappelle-t-il pas aussi celui de Zidane en Coupe du monde 2006 ? Autrement dit, Drogba comme Zidane…
: (Rires). J’ai pensé à plein de choses en même temps. Le fait surtout d’abandonner mes coéquipiers. Mais ce qui est fait est fait. Je ne reviens plus là-dessus.
• Mettez-vous ces trois échecs en finale, (Coupe UEFA en 2004, la CAN en 2006 et la Ligue des champions 2008), sur le compte de la malchance ?
: Ne dit-on pas jamais deux sans trois ? Voilà ! C’est le cas de le dire après ces trois échecs en finale.
• Quelle a été la réaction de votre président Abramovitch, après cette défaire en finale devant Manchester ?
: L’ambiance est lourde après une défaite en finale de Coupe. La défaite pèse dans la tête. C’est donc difficile de parler. Mais le président est descendu dans le vestiaire. Il a eu une tape amicale pour tous les joueurs.
• En offrant une finale de Ligue des champions à Chelsea, malgré la défaite, Avram Grant n’a-t-il pas réussi là où Mourinho a échoué après moult tentatives ?
: Cela montre bien que ce métier  ne tient à un rien. Entraîneurs et joueurs sommes tous logés à la même enseigne. Nous évoluons dans un milieu où, le moindre détail peut faire la différence. Le moindre choix peut être positif ou négatif.
• Parlons de votre livre « C’était pas gagné ». pourquoi avoir choisi de le sortir à la veille de cette finale ? Coïncidence ou était-ce en prévision d’un éventuel sacre ?
: Non. C’était déjà prévu. La date de parution était arrêtée bien avant. C’était au moment où nous préparions la demi-finale. On espérait aussi que la sortie du livre coïncide avec notre qualification en finale de la Ligue des champions. Mais, je ne pouvais pas prévoir que j’irai en finale. La programmation a donc été faite bien avant. Elle devait être suivie de plateau télé et autres pour la promotion.
• Le fait que la Chaîne française TF1 vous accorde un plateau télévisé de 20 heures avec Patrick Poivre d’Arvor, ne signifie-t-il pas que Didier Drogba est une star mondialement reconnue ?
: Ah oui ! C’est une chance inouïe que j’ai eue. Il n’est pas donné à tout le monde de passer sur un plateau du journal télévisé de 20 heures de TF1. Je suis même l’un des rares footballeurs africains depuis plus d’une dizaine d’années à avoir cette chance. C’est une belle fleur que TF1 m’a faite.
• Votre livre s’intitule « C’était pas gagné ». est-ce que ce titre ne résume pas aussi vos trois échecs en finale de Coupe ?
: (Rires). Ça prouve que « C’était pas gagné »
Supersport
 
 
 

TOP