A la fin des cours de la FIFA pour entraineurs qu’il a donnés aux encadreurs ivoiriens du 05 au 10 octobre dernier au Centre Technique National de la Fédération ivoirienne de Football, l’instructeur de la FIFA, Michel Ritschard a dit le bien fondé de la formation.
Comment se sont déroulés les cours et quel message avez-vous fait passer ?
Bien et dans une bonne ambiance. Le message, c’était pour résumer : l’entrainement et surtout la préparation des équipes de haut niveau, en adaptant bien sûr ses approches au football ivoirien. Les joueurs du championnat ivoirien sont en majorité de jeunes joueurs. Ce ne sont pas des joueurs du niveau européen. Ils doivent encore appendre. On fait donc ce transfert entre le football d’élite et le football d’élite de jeunes joueurs. Je crois que le message est bien passé.
Quel sont les objectifs de tels cours ?
Il fallait aussi rendre attentifs les entraineurs au coaching de l’entrainement, surtout à la relation avec les joueurs. A la gestion du team, c'est-à-dire comment gérer son équipe avec un staff. Comment approcher les joueurs d’aujourd’hui qui ne sont plus ceux d’il y a vingt an en arrière. Les entraineurs devront donc s’adapter à ces changements de mentalité, de motivation, d’objectif qui font une  grande différence dans la manière d’aborder les entrainements de haut niveau d’aujourd’hui et d’hier.
Cinq jours de formation, est-ce suffisant ?
Pour certains entraineurs, c’est suffisant. Pour d’autre qui n’ont pas de formation à la base,  cinq jours de formation ce n’est pas facile. Faire des modules de 3 jours, puis quatre ou cinq modules ça serait plus facile. Donc, après cinq jours on tire toujours quelque chose. Mais c’est clair que c’est suffisant pour les rendre attentif à certaines problématiques.
Qu’est ce qui a meublé les cours pendant les 5 jours de stage?
Les cinq jours ont été meublés par  le travail d’une semaine entrainement d’une équipe professionnelle, qui s’entraine depuis le lendemain du match qu’on appelle J+1 jusqu'à la séance J-1, c'est-à-dire le jour avant l’autre match. On a travaillé toujours sur ces séances d’entrainements. En faisant le parallèle, tel est le concept de jeu que nous travaillons durant la semaine. Introduire les aspects du concept de jeu offensifs et défensifs du jeu que nous avons travaillé pour aborder le match du dimanche.
Après cette formation, quel regard avez-vous des entraineurs ivoiriens ?
Il m’est difficile d’avoir un regard très précis sur les entraineurs ivoiriens, parce que je ne les ai pas vus travailler avec leur club. Par contre, j’ai vu qu’ils sont très motivés, très intéressés à progresser. Ils veulent apprendre et aller en avant pour le football en général et pour le football ivoirien en particulier
Quelles sont selon vous les qualités d’un bon entraineur ?
Pour classer un entraineur il faut toujours tenir compte de la catégorie dans laquelle il travaille. S’il travaille chez les jeunes, il doit être un bon formateur, axé toujours sur l’aspect du développement des habilités techniques, tactiques physiques et mentales. C’est surtout un travail sur la gestion des hommes et du team qui est la grande problématique au football de haut niveau. Comment gérer les hommes ? Comment travailler avec eux pour qu’ils adhèrent aux méthodes de travail. C’est aussi un entraineur qui doit être disponible très enthousiaste. Il doit être rigoureux et avoir une ligne de conduite et en même temps savoir travailler en staff, en équipe. Un entraineur ne peut plus travailler tout seul de nos jours
Que pensez-vous du mercenariat des entraineurs qui signent des contrats à courte durée et vont de club en club.
Il m’est difficile de critiquer cela. Les entraineurs travaillent souvent sur du moyen ou long terme. Tous les entraineurs que vous pouvez nommer et que vous connaissez mieux que moi sont des entraineurs qui travaillent dans des clubs où il y a une structure véritable de long ou moyen terme. Malheureusement ces entraineurs qu’on engage sur trois, quatre ou six mois, ce qu’on appelle souvent les pompiers de service,  ce sont des gens qui acceptent le travail parce qu’ils n’en ont pas. Mais ce qui est surtout grave, c’est qu’il ya des clubs qui travaillent comme ça. Qui veulent ce type d’entraineur. Ça donne la liberté au dirigeant d’en faire ce que l’on veut. C’est un choix, mais ce n’est pas un choix à long terme, pour construire. Pour construire, il faut voir le profil sur plusieurs années. La méthode de changement d’entraineur tous les trois ou quatre mois n’est pas une méthode productive. Ça été d’ailleurs prouvé par des études, que lorsqu’on limoge un entraineur les progrès de l’équipe ne sont pas suffisants. Sauf si on engage un entraineur à trois matches avant la fin et qu’on essaie de tirer le maximum, ça peut arriver. Mais la plupart du temps, quand ses entraineurs commencent la saison suivante, ils sont mis de côté deux semaines après. Pas parce qu’ils ne sont pas fait pour travailler sur du long terme, mais c’est parce qu’on ne leur donne pas l’occasion de travailler sur du long terme. A un moment donné les entraineurs se contentent d’avoir un job pour trois mois et de gagner leur vie que d’essayer de faire du mieux. Mais ce n’est pas de cette façon là qu’on leur a confié le football. Et surtout pas que l’on va donner confiance aux joueurs et à une équipe.
Recueilli par Alexis KOUAHIO