Sabri Lamouchi, quels ont été les critères de choix des 28 présélectionnés ?

La priorité était d'être compétitif, être disponible pour l'équipe tout autour du projet collectif pour représenter la meilleure nation africaine et faire une bonne Coupe du Monde.

Tiéné Siaka était l’un de vos choix, pourquoi n’est-il pas sur la liste pour le stage avant Brésil 2014 ?

Après l'échec à la CAN 2013, il fallait être cohérent en ouvrant un peu plus les portes de la sélection. Au poste d'arrière gauche, je pense qu'Arthur Boka a un rôle à jouer là. Mais Djakpa Constant aussi, ils ont tout deux ma confiance. Ils ont le volume de jeu, le pied gauche qu'il faut et les caractéristiques de ce rôle particulier.   Je n'ai rien contre personne. J'ai tout simplement des choix à faire et des responsabilités à assumer. Et je les assume. Il y a avait deux possibilités, ou faire de l'humain, ou assumer mes responsabilités. Je n'ai rien contre Chico, ni contre aucun autre joueur qui ne fait pas partir de la sélection, comme je n’ai aucun cadeau à faire à ceux qui y sont. Je prends ceux que j'estime, correspondent au projet que nous devons défendre pour faire la meilleur Coupe du Monde possible.

Comment expliquez-vous la présence de joueurs qui sont blessés ou qui n’ont pas été réguliers avec leur club, tels que Drogba, Bamba, Kolo ou Traoré Lacina,  au sein de cette liste ?

Si Didier Drogba n’avait pas été sur la liste, je crois que je n’aurai pas fait deux minutes de conférence. La situation est particulièrement préoccupante pour notre défense essentiellement. Et je vais les prendre cas par cas. Le dernier match de Kolo Touré il le fait lors de Belgique-Côte d’Ivoire. Mais il est dans un grand club comme Liverpool qui luttait pour le titre dans un grand championnat. Et  Kolo est un grand professionnel, il a de l’expérience. Et pour une Coupe du Monde on a besoin de joueurs d’expérience et j’ai besoin de Kolo Touré. Pour Souleiman Bamba, j’ai traité avec son club pour qu’il se fasse opérer et soigner à Aspetar au Qatar. Il est dans de bonnes conditions. Le problème c’est qu’il n’a pas de compétition. Mais cela fait deux à trois semaines qu’il s’entraine avec son groupe, et pour des problèmes contractuels, il n’est pas aligné. Je suis un peu plus rassuré aujourd’hui sur l’état de forme de Bamba que je ne l’étais lors de sa blessure et de son opération. Concernant Didier Drogba, c’est vrai que ne pas le voir sur le terrain est inquiétant. Mais tout le monde connait l’état d’esprit  de Drogba, celui de compétiteur, de champion, de gagneur. Il n’a pas été opéré comme on a pu le lire et il travaille pour être prêt.   Il a un problème aux adducteurs et avec l’accord des médecins de Galatasaray nous travaillons à accélérer la guérison. Lacina Traoré est la grande énigme, la grande interrogation. Tout le monde est d’accord pour dire que ce garçon est talentueux. Mais ce garçon a peu joué. Mais comme il a fait des efforts pour revenir, nous voulons voir dans quel état il sera. Mais dans tous les cas, il est certain qu’il serait cours physiquement. Nous partons avec tout le monde, mas il y a cinq qui retourneront à la maison.

Pourquoi avoir laissé sur le côté Romaric N’Dri ?

La non-sélection de Romaric n’est pas une sanction. C’est juste un choix par rapport au besoin que j’ai pour le groupe. Il faut rappeler que c’est moi qui ai fait revenir Romaric en sélection après 4 ans. Nous l’avons vu, mais là il fallait faire un choix et c’est ce qui a été fait.

Vous parlez de régularité et de performance alors que vous laissez à la maison Emmanuel Eboué qui a été très intéressant. Y a-t-il un problème entre vous et le défenseur de Galatasaray ?

Moi et Emmanuel Eboué nous sommes vus au mariage de Didier Zokora. Nous avons discuté ensemble, nous avons pris une photo ensemble. Emmanuel Eboué est un joueur d’expérience. Mais dans les choix qui sont les miens, dans le projet qui est le mien, Serge Aurier a aujourd’hui toute ma confiance. Et je reste persuadé qu’à ce poste là, il ne fera non pas de bons matches avec l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, mais il sera l’un des meilleurs latéraux droits de cette Coupe du Monde.

Après sa saison hautement chargée, y aura-t-il une préparation particulière en ce qui concerne Yaya Touré

Il y a quelque chose de spéciale prévue pour Yaya Touré.  On va faire en sorte qu’il se repose et qu’il récupère. Il a une petite blessure qu’il faut soigner pour ne pas qu’elle soit trop grave. Yaya a réalisé une saison extraordinaire. Et je pense sincèrement qu’avec une Coupe du Monde réussie, Yaya luterait sincèrement le Ballon d’Or. J’aimerai aussi qu’il prenne les choses en main comme il le fait avec City. On a besoin d’un Yaya Touré déterminé, à 100% physiquement, à 100% psychologiquement, pour pouvoir nous amener au second tour dans un premier temps. Mais il est évident que si la Côte d’Ivoire veut aller loin, ça passera entre autre par la grande réussite de mondial par Yaya Touré.

Le groupe C semble facile pour la Côte d’Ivoire qui a l’ambition de passer pour une fois le premier tour. C’est votre jugement également ?

Moi je n’ai jamais dit que ce groupe était facile.  C’est vrai que par rapport à 2006 et 2010, ce tirage peut sembler clément.  Mais c’est un groupe qui est homogène. Il suffit de regarder le classement Fifa, si on peut en tenir compte,  et les derniers résultats de la Colombie, la Grèce et le Japon qui a fait d’énorme progrès depuis la prise de fonction d’Alberto Zacherroni. Nous avons nos chances.  Et bien sûr, si nous ne passons pas le premier tour, ça sera un échec.

Quelle va être votre philosophie de jeu avec la Côte d’Ivoire lors de la Coupe du Monde ?

Notre philosophie de jeu va correspondre à ce qu’on a pu voir depuis deux ans. Mais au-delà, il faudra maintenir l’équilibre nécessaire  à notre équipe. On s’est rendu compte qu’on était capable de marquer à chaque et contre n’importe qui. Mais aussi, qu’on pouvait se mettre en difficulté défensive. Mais si nous avons une plus grande rigueur collective, on aura une carte à jouer.

Propos recueillis par Patrick GUITEY