A un moment pareil toute la nation ivoirienne retient son souffle car l’un de ses fils est sur le point d’entrer dans l’histoire. Le premier ivoirien  à brandir la coupe aux grandes oreilles . A Abidjan et plus précisément à Yopougon, la plus grande commune de la Côte d’ivoire vous êtes dans la cité de la joie, comme aiment à le dire les populations. Nous avons traversé la grande cité pour nous rendre dans un quartier assez populaire « Sapeurs pompiers ». A une centaine de mètres de la caserne des sapeurs pompiers du 4 régiment qui a donné son nom au quartier, des jeunes sont en train de jouer au football dans la rue. Pourtant dans quelques instants sera donné le coup d’envoi de la finale de la champion’s league. A quelques pas de là des voitures et des motos sont stationnées devant une villa assez modeste dans la ruelle. On se rapproche de la villa, dès que nous franchissons ce portail marron on est tout de suite accueillis par une ambiance de fête nationale. Tous vêtus aux couleurs orange blanc et vert sont crispés sur le petit écran, un poste LG 21 pouces. Nous ne sommes pas dans une cour ordinaire, nous sommes bien dans la famille Touré. Et ce soir l’un des enfants Touré est à l’honneur. YAYA TOURE avec son club le FC Barcelone dispute la finale de champion’s league.
Le père de Yaya Touré (Barcelone FC) et Kolo Habib (Arsenal) nous reçoit avec plaisir. Vêtu d’un grand boubou marron et coiffé d’un bonnet blanc, il va d’abord accomplir sa prière quotidienne sur le toit de la villa avec sa famille, et redescend ensuite suivi de ses deux femmes pour suivre la finale que tous attendent.
La cour est pleine, le salon est archi comble, plus de places pour s’asseoir, ceux qui arrivent sont debout. Le stress, la confiance, le doute, les commentaires vont bon train, mais tous espèrent une chose, que le fils puisse brandir la coupe aux grandes oreilles cette nuit.
Assis sur le canapé principal entouré de ces deux femmes et de son petit frère, chapelet en main le père TOURE suit attentivement le match.
A la 10è minute de jeu, il se lève tout d’un coup, et toute l’assistance le suit, ils se mettent à crier, à sauter de joie. Samuel Eto’o vient d’ouvrir le score pour le FC Barcelone. La maison est en délire, le téléphone du père TOURE crépite. Il décroche tout ému.
« Allo, mon fils, mon fils, je suis fiers, je suis fiers de vous, ton frère va te venger, il va te venger ce soir,… merci,  il va entrer dans l’histoire ce soir… ». Au bout du fil, KOLO TOURE HABIB, le grand frère de Yaya Touré depuis l’Angleterre.
Le match se poursuit, et à la mi temps, c’est déjà la fête, on sert à manger et des rafraîchissements à tout le monde. Les voisins viennent communier avec la famille. On a à peine le temps de reprendre du souffle que la deuxième mi-temps débute.
On n’attendra pas très longtemps pour que Lionel Messi aggrave le score en inscrivant le 2è but du Barça. C’est le comble, le père Toure ne peut se contenir, il se jette dans les bras de ses voisins et laisse échapper quelques larmes de joie et crie à qui veut l’entendre : « C’est mon fils, c’est la fierté de la Côte d’ivoire… ». Pendant ce temps sa fille, Aicha la sœur aînée à Kolo et Yaya fond en larmes. L’émotion est totale dans la salle, c’est le délire.
On compte maintenant les minutes. La gloire n’est qu’à quelques minutes seulement. Et ça tout le monde l’a compris. Les « MAMANS ELEPHANTS » présentes, sont vêtues de tuniques aux couleurs nationales, elles se tiennent debout juste derrière Papa Touré. Ibrahim, le petit frère à Yaya, lui aussi footballeur professionnel évoluant en Syrie se tient à genou dans un coin de la pièce. Dès que la fin du match est sifflée, il vient soulever leur père et tout le monde de scander « le vieux, le vieux …». On se congratule, on rit on pleur de joie. Et encore le portable de Papa Touré résonne. Au bout du fil KOLO TOURE, il communique avec tout le monde et annonce qu’il rentre en Côte d’ivoire le lendemain même (le 28 mai 2009). On met la musique, tout le quartier envahit la villa au portail marron pour célébrer l’évènement. YAYA TOURE vient de remporter sa première coupe de la champion’s league. Un ivoirien au sommet du monde tenant entre ses mains la coupe aux grandes oreilles, moments magiques et uniques, vécus par une grande famille, ce fut exceptionnel.
Bravo TOURE Yaya.
 
                                              Par Stéphane SOUMAHORO