Champion olympique des poids lourds en 1964 aux Jeux Olympiques de Tokyo, Joe Frazier était l’anti-thèse d’Ali, son nemesis ultime. A la provocation et à la classe naturelle d’Ali, il répondait par son sens guerrier et sa hargne, n’ayant jamais peur d’encaisser les coups pour finir par prendre le dessus sur son meilleur ennemi.
Le premier à vaincre Mohammed Ali
En mars 1971, il est en effet le premier à vaincre Mohammed Ali (sur décision) au Madison Square Garden, après l’avoir envoyé au tapis dans la 15ème et dernière reprise. Les deux boxeurs livrent un combat hors norme et bien que champion du monde en titre, Frazier ne part pas favori face à Mohammed Ali. Mais sa niaque emporte la décision des juges, mettant ainsi fin à l’insolente invincibilité de « The Greatest ». Le taciturne Frazier a vaincu l’exubérant Ali au terme d’un affrontement d’anthologie, qui mérite amplement son titre de « combat du siècle ».
Les deux hommes se rencontreront deux nouvelles fois, en 1974 (après que Frazier ait perdu son titre face à Foreman) avec une victoire sur décision d’Ali, et en 1975 pour une belle d’anthologie, le célèbre « Thrilla in Manila ». Frazier est alors en fin de carrière et Ali part grand favori. Avant le combat, il provoque son adversaire à maintes reprises, franchissant plusieurs fois la limite de l’insulte raciste et dégradante. Une attitude qui ne fera que renforcer la motivation de Frazier pour cet ultime baroud d’honneur.
Ali se balade en début de match mais Frazier revient à partir des rounds 4 et 5. Agressif, précis, il pousse Ali dans les cordes plusieurs fois, prenant clairement l’ascendant dans l’atmosphère électrique, moite et humide de la capitale philippine. Smokin’ Joe lâche toute sa haine dans ses coups, qui touchent le plus souvent Ali, pourtant toujours debout. The Greatest sent le match lui échapper et revient dans le coup dans les 13èmes et 14èmes rounds, mais Frazier résiste encore et toujours.
Frazier : « J’ai gagné les trois combats ! »
Avant le début du dernier round, l’entraîneur de Frazier prend peur en voyant l’état de son champion et décide d’arrêter le combat malgré les protestations du boxeur. Il doit lui enlever les gants de force, car Frazier était persuadé de pouvoir achever le combat et vaincre Ali dans ces trois dernières minutes, The Greatest étant dans un état au moins aussi catastrophique que lui à ce moment-là de l’affrontement. Ali avouera après cette victoire controversée avoir connu « son expérience la plus proche de la mort » et qu’il respecte enfin son adversaire. Joe Frazier lui ne pardonnera jamais à son entraîneur et déclarera même que dans sa tête, il avait gagné les trois combats face à Mohammed Ali.
La mort de Smokin’ Joe est une grande perte pour le monde du sport en général et pour la boxe en particulier. Leur premier affrontement est le premier combat de boxe que j’ai eu la chance de voir de ma courte existence et même si je suis loin d’être un expert du noble art, observer un tel niveau de génie pugilistique vous fait comprendre à quel point des champions comme Ali ou Frazier sont des artistes, et combien la boxe c’est tellement plus que deux hommes qui s’échangent des coups jusqu’à ce que l’un des deux s’écroule.
Source, soyonsport.com